Le Journal de Montreal

Pour en finir avec le décrochage

- ISABELLE MARÉCHAL isabelle.marechal @quebecorme­dia.com

Le Québec, royaume du décrochage scolaire? Hélas, oui! Nous remportons la palme de la première province affichant le plus haut taux de décrochage scolaire au pays. Pas de quoi se péter les bretelles.

Le Québec est suivi par le Manitoba, l’Alberta et la Saskatchew­an, selon les données de Statistiqu­es Canada en 2012. C’est en Colombie-Britanniqu­e et en Ontario que les jeunes décrochent le moins. Avant d’aller voir en Norvège ou en Suède comment ça marche, pourquoi ne pas nous comparer avec notre voisin ontarien, qui a visiblemen­t trouvé une recette payante pour que leurs jeunes ne quittent pas l’école avant d’avoir réussi l’équivalent de leur cinquième secondaire. Ces derniers jours, Le Journal a levé le voile sur la réussite scolaire ontarienne. Étonnant! Les solutions ont de quoi interpelle­r le système scolaire québécois qui peine depuis plus de 20 ans à convaincre nos jeunes que l’école sert encore à quelque chose.

ON FAIT LE CONTRAIRE

Depuis 10 ans, l’Ontario a mis en place des mesures qui sont tout le contraire de ce que Québec s’apprête à faire ici. Alors que, dans la province voisine, on a baissé le nombre d’élèves par classe pour assurer un meilleur suivi par élève, chez nous, on propose au contraire d’augmenter le nombre d’élèves par classe de la troisième année du primaire à la deuxième du secondaire. Et le pire, c’est qu’on ne veut plus tenir compte du nombre d’élèves en difficulté dans le calcul du ratio maître-élève. Ce qui est un non-sens puisque c’est le degré de difficulté de l’élève qui fait en sorte que l’enseignant passe avec lui plus ou moins de temps.

Québec semble tout de même conscient que cela représente­ra une tâche plus ardue pour les profs. La preuve, c’est qu’on veut du même coup faire passer de 32 à 35 heures le temps de présence des enseignant­s à l’école. C’est ce qui s’appelle se mettre les profs à dos. En Ontario, on a plutôt misé sur le travail d’équipe. On a inclus les enseignant­s dans cette grande entreprise antidécroc­hage scolaire et on en a fait des intervenan­ts de première ligne respectés et écoutés. Ne sont-ils pas aux premières loges pour savoir ce qui cloche dans une classe?

DE MEILLEURES CONDITIONS

Bien des Québécois soient convaincus que les enseignant­s sont parmi les gras dur de notre société: deux mois de vacances chaque été, deux semaines aux Fêtes, une semaine de relâche, un fonds de pension, un bon salaire... Si c’est effectivem­ent le pactole, comment expliquer alors l’autre décrochage qui sévit au Québec, celui des profs? Plus de 20% des jeunes enseignant­s délaissent la profession dans les cinq premières années de fonction.

Une fois de plus, que fait Québec pour freiner l’hémorragie?

Là où les Ontariens n’ont pas hésité à augmenter le salaire des enseignant­s, notre bon gouverneme­nt, lui, propose un gel de salaire de deux ans, une maigre augmentati­on de 1% pour les trois années suivantes, moins de postes permanents et une baisse des rentes de retraite.

Est-ce qu’une augmentati­on des salaires pourrait diminuer le décrochage? Bien des profs diront qu’ils ont d’abord besoin qu’on améliore leurs conditions de travail et qu’on facilite leur enseigneme­nt par des méthodes pédagogiqu­es moins lourdes. Si l’Ontario a pu le faire, pourquoi pas nous?

Là où les Ontariens n’ont pas hésité à augmenter le salaire des enseignant­s, notre bon gouverneme­nt, lui, propose un gel de salaire de deux ans

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