Le Journal de Montreal

La saga des biscuits québécois

- DIANE TREMBLAY

« Je pense souvent à mes racines. cette entreprise a été construite à partir de rien. La Limite de mon arrière-grandpère était La distance que son chevaL pouvait parcourir. »

— DENIS LECLERC

À la tête d’une entreprise de 5e génération, l’homme d’affaires Denis Leclerc, président du Groupe Biscuits Leclerc, se sent investi d’une mission colossale, soit celle de protéger ce précieux héritage familial.

Denis Leclerc passe 50 % de son temps aux États-Unis où la marque Leclerc est en compétitio­n directe avec de grands joueurs tels que General Mills, Dare, Quaker, Kellogg et Christies.

Même si la relève semble déjà assurée, il reste que les défis sont nombreux pour cette entreprise spécialisé­e dans la fabricatio­n de biscuits et de barres nutritives qui a grandi avec les Québécois.

Au fil des ans, Biscuits Leclerc, fondée en 1905, a réussi à se tailler une place importante dans l’industrie avec six usines au Canada et aux États-Unis. Avec un chiffre d’affaires de plus de 300 M$, l’entreprise génère plus de 800 emplois. Alors que l’industrie alimentair­e a atteint un niveau de maturité au Canada, d’où vient la croissance ? Cette année, on enregistre une progressio­n de 15 % des ventes aux États-Unis. C’est pour ça qu’on construit des usines du côté américain. La Californie, c’est plus gros que le Canada en termes de population. Le Canada est un très bon marché, mais c’est plus facile d’aller chercher une croissance du côté américain. Nos usines canadienne­s, qui ont une capacité de production plus élevée que les besoins du marché ici, participen­t d’ailleurs à la croissance aux États-Unis.

Que reste-t-il de l’époque de votre arrière-grand-père, François Leclerc, qui a fondé l’entreprise sur la rue Arago, à Québec ?

Il reste la culture et la philosophi­e d’entreprise. Ces pionniers n’ont pas eu la vie facile et ils n’ont jamais lâché. Mon arrière-grand-père a vécu la Première Guerre. En 1937, l’usine est passée au feu. Il y a eu l’épisode de la grippe espagnole. C’est incroyable toutes les épreuves qu’ils ont dû traverser. La «drive» qui nous anime aujourd’hui vient de là. Je pense souvent à mes racines. Cette entreprise a été construite à partir de rien. La limite de mon arrière-grandpère, c’était la distance que son cheval pouvait parcourir.

Vous sentez-vous une plus grande responsabi­lité étant donné qu’il s’agit d’une entreprise familiale ?

C’est sûr! Il y a des entreprene­urs qui ont d’autres problèmes que les miens. Moi, j’ai celui-là (rire). C’est un poids assez important. Ce n’est pas quelque chose de simple. Quand mon père, Jean-Robert, m’a permis d’être président, il m’a prévenu qu’un jour j’aurais à prendre des décisions pas toujours faciles et que, dans ces cas-là, je penserais à lui. C’est exactement ce que je fais.

Après toutes ces années au sein de l’entreprise, vous arrive-t-il encore parfois de vous remettre en question ?

Tous les jours. Mon fils, Jean-Sébastien, est le spécialist­e du pourquoi. Il fait partie de la ligue nationale du pourquoi. Il remet toujours tout en question. Dans l’entreprise, c’est sûr qu’on n’a pas la flexibilit­é d’un jeune qui sort de l’université et qui veut tout changer, mais il y a des questions qu’il faut se poser. Si on fait toujours les choses de la même façon, on devient prévisible pour nos compétiteu­rs et c’est dangereux.

Vous avez déjà dit que vous étiez prêt à changer la vocation de l’entreprise si vous y êtes obligés. Est-ce toujours le cas ?

Si un jour, on ne mange plus de biscuits, je fais quoi? Regardez ce qui se passe avec les boissons gazeuses. Je vais tout faire pour continuer. Toutefois, si je dois passer par autre chose pour assurer l’avenir de mes enfants et de mes petitsenfa­nts, je vais le faire.

Est-ce que la stabilité de la chaîne d’approvisio­nnement est un facteur important ?

Plus l’entreprise est grande, plus c’est problémati­que parce que s’il y a une rupture dans la chaîne, ce n’est pas long avant que ça arrête. Alors, on a un système où on a toujours au moins deux fournisseu­rs. On s’alimente de gens qui ont plus qu’une usine. Ça se prévoit et ça se planifie.

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