2 ans à attendre une douche
Une résidente de CHSLD lavée « à la débarbouillette » faute de temps
QUÉBEC | Malgré une prescription de son médecin, une résidente du centre d’hébergement Christ-Roi, à Québec, n’a pas eu droit à une douche depuis deux ans, une situation dénoncée par sa famille.
Linda Boucher, âgée de 55 ans, souffre de Parkinson et d’obésité et ne peut se laver elle-même. Un bain thérapeutique a été aménagé sur son étage, mais sa condition physique ne lui permet pas d’y accéder. Sa seule option: la douche, située à l’étage au-dessus. Mais, pour s’y rendre, elle doit obtenir l’aide de deux préposées. Une tâche d’une quarantaine de minutes, qui «prend trop de temps», selon ce qu’on lui a répondu.
SA DERNIÈRE DOUCHE
Sa dernière douche remonte à 2013, alors qu’un dermatologue lui avait prescrit «une douche par semaine», après son hospitalisation pour une «cellulite à la jambe». Malheureusement, l’ordonnance n’aura été respectée qu’un mois. «Ils ont trouvé toutes sortes de raisons pour arrêter», déplore sa nièce Patricia Boucher, visiblement découragée.
«Avant d’entrer à l’hôpital, ça faisait presque deux ans qu’on changeait mes pansements pour des ulcères sur les jambes, ça coulait. Dès qu’ils ont commencé à me donner une douche par semaine, ça a commencé à guérir», raconte Mme Boucher, qui, depuis ce temps, ne bénéficie que d’une toilette quotidienne «à la débarbouillette». «Les pieds et les jambes sont oubliés», ajoute sa nièce.
Sa nièce, qui est elle-même préposée aux bénéficiaires dans un autre établissement de santé de Québec, explique que le Parkinson peut rendre le travail plus difficile pour les employés du CHSLD.
Le porte-parole du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet s’est dit désolé, mais «loin d’être surpris». «Je n’ai pas l’impression que ça va s’améliorer, dans la mesure où 4000 personnes attendent pour un lit au Québec et que 5000 lits ont été coupés en 10 ans», indique-t-il.
TOILETTE TROP PETITE
Par ailleurs, Mme Boucher ne peut se rendre à la toilette de sa chambre, faute d’espace. La salle de bain est ainsi condamnée, forçant la résidente à se rendre au bout du couloir pour faire ses besoins, dans une salle plus adaptée.
Mais une fois de plus, elle estime que le manque de personnel ne lui permet pas d’y aller au moment désiré. «Elle est déjà tombée en voulant aller aux toilettes et ce sont les pompiers qui ont dû venir la sortir de là», indique sa nièce.