Le Journal de Montreal

Pas d’emploi au Pro-Gym pour un Hells

L’ex-membre des Nomads se voit interdire de fréquenter un gymnase que la police associe aux motards

- Eric Thibault EThibaultJ­DM Richard Mayrand, qui a brièvement dirigé le chapitre Nomads quand «Mom» Boucher s’est fait arrêter pour les meurtres de deux gardiens de prison, espère maintenant aller travailler dans la constructi­on comme briqueteur. 514.599

Richard «Dick» Mayrand, qui fut un membre influent de la défunte section d’élite Nomads des Hells Angels, a dû faire une croix sur un emploi dans un gymnase que la police relie aux motards.

C’est une des conditions que la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC) lui a imposées, hier, en acceptant de le remettre en liberté.

«J’ai passé 25 ans dans les Hells Angels, 14 ans en prison... C’est pas facile de me trouver une job», avait plaidé le motard de 51 ans devant le commissair­e Pierre Cadieux, dans un pénitencie­r à sécurité minimum de Laval où Mayrand était incarcéré depuis neuf semaines.

EN PÉNITENCE

En février, le propriétai­re de Pro-Gym Serge Moreau inc. avait signifié aux autorités carcérales qu’il offrait du travail à Mayrand, à 18 $ l’heure, dans son gymnase de la rue Hochelaga, où le motard a longtemps fait du culturisme.

Mayrand résidait alors dans une maison de transition de Longueuil, ayant obtenu sa libération d’office après avoir purgé les deux tiers d’une peine de 22 ans pour complot de meurtres, trafic de drogue et gangstéris­me.

L’offre d’emploi s’est toutefois retournée contre le motard de 51 ans, à qui la CLCC avait déjà interdit de fréquenter cet endroit que les policiers considèren­t comme un château fort des Hells Angels.

Lors de l’opération Printemps 2001 qui a conduit à l’arrestatio­n de Mayrand et à la chute du chapitre Nomads, les policiers ont souvent vu Maurice «Mom» Boucher et d’autres Hells dans ce gymnase.

Le service correction­nel fédéral a alors décidé de suspendre la libération conditionn­elle de Mayrand et de le réincarcér­er.

Les autorités estimaient que son «insistance à vouloir se rapprocher d’un endroit fréquenté par les Hells» rehaussait le risque de récidive à un niveau inacceptab­le.

Même si Mayrand affirme qu’il s’est dissocié des Hells, la police n’a pas confirmé ses dires et sa loyauté au gang resterait entière, selon la CLCC.

« MES ENFANTS M’ATTENDENT »

«J’ai rien fait de mal ou de croche, a fait valoir Mayrand hier. J’ai jamais enfreint mes conditions, je ne suis pas allé au Pro-Gym. M. Moreau me connaît bien et il a probableme­nt voulu m’aider.»

La CLCC lui a donné raison et a mis fin à sa pénitence, en lui permettant de retourner vivre en maison de transition jusqu’à nouvel ordre.

«Pendant les deux mois que j’ai été détenu, mon fils a eu un petit garçon et j’ai manqué ça. Mes enfants m’attendent depuis 14 ans. Je veux pas retourner en dedans», a-t-il ajouté en présence de quatre membres de sa famille venus l’appuyer devant la Commission.

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PHOTO D’ARCHIVES Richard Mayrand (à droite), en compagnie de Normand Robitaille, un autre ancien membre des Nomads, à l’époque où ils étaient chez les Hells Angels.
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