Un agent analyse la transaction du juge Girouard
QUÉBEC | Un agent infiltrateur de la Sûreté du Québec est venu analyser, hier, la signification que peuvent avoir des gestes comme ceux posés par le juge Michel Girouard, sur une bande vidéo le montrant en train d’échanger de l’argent avec un trafiquant de drogue, en 2010, deux semaines avant d’accéder à la magistrature.
Le policier, qui témoignait devant le Conseil de la magistrature, a raconté avoir vu la vidéo la première fois le 18 novembre 2011, sans savoir alors qui étaient les individus y figurant. On y voit le juge Girouard arrivant dans le bureau d’Yvon Lamontagne, un propriétaire de club vidéo qui a depuis été arrêté et condamné pour trafic de stupéfiants. Le juge glisse aussitôt de l’argent sous le sous-main de Lamontagne, en échange de quelque chose qu’il prend dans la poche droite du trafiquant. Aucun mot n’est échangé.
UN CODE
Le Conseil de la magistrature, qui doit déterminer si le juge de l’Abitibi a bel et bien été mêlé à une transaction de drogue avant d’être nommé juge, a reconnu l’expertise du policier, mais a refusé que ce dernier témoigne directement du contenu de la vidéo.
L’agent infiltrateur a plutôt expliqué que, lorsqu’une transaction de drogue est faite en public, des gestes furtifs et des comportements visant à «cacher l’échange d’argent ou de drogue dans le but de ne pas attirer l’attention» peuvent être posés.
«Vous savez, dans les transactions dites d’habitude, dans 25 % des cas, aucun mot n’est prononcé, a-t-il ajouté. On donne l’argent et les stupéfiants sont donnés en retour.»
Le policier a également abordé le «code» qui existe entre les trafiquants et les consommateurs dans le but de ne pas éveiller les soupçons.