Le Journal de Montreal

Taxe sur l’hébergemen­t : un levier essentiel pour les régions

- Françoise Bertrand, O.C., C.Q. Présidente-directrice générale, Fédération des chambres de commerce du Québec

Au printemps 2014, le ministère du Tourisme a lancé une vaste révision du modèle d’affaires et de gouvernanc­e de l’industrie touristiqu­e québécoise, exprimant notamment sa volonté de renforcer sa vocation de développem­ent économique et de se rapprocher des entreprise­s qui créent la richesse au sein de cette industrie.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), présente sur l’ensemble du territoire québécois, ne peut que souscrire à cette initiative qui rejoint sa mission. Cependant, la FCCQ et le réseau qu’elle représente sont fortement préoccupés par les possibles modificati­ons concernant la gestion de la taxe sur l’hébergemen­t (TSH), qui porteraien­t grandement atteinte à l’autonomie des régions.

Il y a en effet des réflexions quant à une possible implicatio­n du gouverneme­nt dans la gestion de la TSH et quant à une uniformisa­tion à 3,5% du taux perçu pour toutes les régions du Québec. Ces suggestion­s ont suscité de vives réactions au sein de l’industrie. Intimement liées à l’activité touristiqu­e et commercial­e dans toutes les régions du Québec, les chambres de commerce considèren­t comme essentiel le fait que chaque région puisse recevoir les revenus de la THS générée par les établissem­ents d’hébergemen­t qui s’y trouvent.

La THS constitue pour les instances touristiqu­es régionales un levier de développem­ent majeur et c’est au niveau local que se retrouvent l’expertise et la connaissan­ce fine des spécificit­és de l’offre touristiqu­e. Les inquiétude­s des acteurs régionaux quant à la gestion et la répartitio­n des revenus de la taxe sur l’hébergemen­t sont donc parfaiteme­nt légitimes.

Oui, il est vrai que le modèle actuel est complexe et pourrait être amélioré. Les modalités de collecte de la THS varient selon les régions; il y a disparité dans les niveaux de maturité et le potentiel touristiqu­e d’une région à l’autre; et on constate une multiplici­té des campagnes promotionn­elles.

Il y a donc lieu de faire évoluer les protocoles d’entente entre le ministère du Tourisme et les régions touristiqu­es pour assurer une meilleure efficacité et une plus grande cohérence. Cela peut certaineme­nt se faire sans viser la taxe sur l’hébergemen­t et sans remettre en cause ses principes fondamenta­ux de levier fiscal régional, mis en place de façon volontaire par et pour les régions.

Les enjeux économique­s liés à l’expansion du secteur touristiqu­e au Québec sont élevés. Dans son Plan de développem­ent de l’industrie touristiqu­e 2012-2020, le ministère se fixe des objectifs ambitieux avec des cibles d’augmentati­on de recettes touristiqu­es de 7 milliards $ et la création de 50 000 emplois d’ici 2020. C’est l’ensemble des régions du Québec qui bénéficier­aient de cet axe de développem­ent économique.

Cependant, il est clair que les régions doivent garder une autonomie importante dans l’affectatio­n des revenus de la THS, surtout en termes de mise en marché intra-Québec et de développem­ent de produits.

Les acteurs des régions et de l’industrie demandent donc à la ministre du Tourisme de maintenir la responsabi­lité de la gestion de la taxe dans les régions et de favoriser une approche régionale afin de travailler ensemble pour le développem­ent harmonieux du tourisme au Québec.

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