La recette était connue
Le porte-parole de la Coalition avenir Québec en éducation, le député Jean-François Roberge, un enseignant de carrière, était encore debout devant une classe il y a quelques mois seulement. L’exceptionnel reportage de Daphnée Dion–Viens sur la recette ontarienne l’a captivé.
On retrouve en effet plusieurs éléments du programme du parti de François Legault dans le modèle ontarien.
Le chef de la CAQ fut en effet le premier au Québec à relever que le critère d’admission (la fameuse cote R) à la porte des facultés d’éducation était trop bas. Il fallait attirer de meilleurs aspirants et valoriser par la suite leur travail en versant des salaires plus élevés.
M. Legault insistait aussi sur la création d’un ordre professionnel des enseignants; leur formation continue; sur un meilleur arrimage avec le marché du travail et sur une plus grande valorisation de la formation technique. Ses propositions avaient soulevé une controverse.
La première clé d’une réforme de notre système d’éducation, selon le député Jean-François Roberge, est la formation et l’encadrement des enseignants.
ENSEIGNANTS DÉCROCHEURS
La profession n’est pas attirante. Les enseignants sont considérés comme des techniciens en éducation et non comme de véritables professionnels. D’ailleurs, il n’y a pas que les étudiants qui décrochent en grand nombre; un jeune enseignant sur cinq décroche.
Une cote R plus élevée pour être admis dans les facultés d’éducation n’est qu’un élément parmi d’autres, selon lui. La profession n’est pas valorisée; il n’y a pas d’ordre professionnel. Le travail est aussi mal payé: le salaire est de 10 % plus élevé en Ontario à l’entrée dans la profession et un ordre professionnel existe en Ontario depuis 1997-98.
LES STAGES
L’autre priorité à se donner, avance d’emblée M. Roberge, est un programme de stages pour les étudiants.
L’Ontario a réussi à faire passer son taux de diplomation au secondaire de 68 à 84 % en dix ans, en misant massivement sur les stages.
On ne valorise pas assez la formation technique au Québec, constate le député de Chambly. Dans certains milieux, il est même mal vu qu’un étudiant ne s’oriente pas vers l’université; peu importe son intérêt réel ou ses aptitudes.
Le décrochage est la conjugaison de différents facteurs, explique le député enseignant. Plus de 25 % des étudiants quittent le secondaire sans un véritable diplôme, et encore, ce chiffre est atteint en multipliant les formules de diplômes à rabais.
UNE PRIORITÉ
J’ai fureté ces derniers jours dans les banques de données des médias, autour du thème de l’éducation. On constate vite que ce n’est pas une priorité au Québec.
On s’étend sur l’abolition des commissions scolaires ou la réduction de leur nombre et sur des coupes budgétaires supposément sans impacts sur les services aux étudiants. On ergote sur les structures administratives, mais on ne s’intéresse pas aux programmes.
Au Québec, la plus importante opération de lutte au décrochage a été menée en 2009, à «l’initiative citoyenne» du banquier Jacques Ménard, alarmé par l’étendue du phénomène et ses coûts. Elle n’est même pas venue du gouvernement. Il n’y a pas de ferme volonté politique de prendre le problème de front et d’en faire une priorité absolue.
J’ose miser sur le nouveau ministre de l’Éducation, François Blais. Ses antécédents professionnels permettent de croire qu’il sera sensible à sa gravité.
La première clé d’une réforme de notre système d’éducation est la formation et l’encadrement des enseignants.