Le Journal de Montreal

L’exploit du travailleu­r acharné

Voilà Milos Raonic au quatrième rang mondial, un exploit dans le tennis actuel. Ils sont rares les joueurs s’étant immiscés au sein de ce quatuor de tête qui a si longtemps paru impénétrab­le.

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Le Canadien a réécrit une par une les pages de l’histoire de son sport au pays. Premier représenta­nt de l’unifolié à remporter un titre de l’ATP, premier joueur du Canada dans le top 40, dans le top 30, 20, 10, 5, Raonic a été récompensé pour son travail et son acharnemen­t, hier.

Certes, Milos doit aussi remercier le système de classement pour ce nouveau fait d’armes. Il n’a gagné aucun tournoi depuis Washington, l’été dernier, et a profité de la dégringola­de de Rafael Nadal pour atteindre son plus haut sommet à ce jour.

Sauf que cette nouvelle marque est également le fruit de la constance qu’il affiche depuis des mois: un quart à Melbourne, à Monaco et à Madrid, une demi-finale à Indian Wells et à Rotterdam, ainsi qu’une finale à Brisbane. Son seul impair cette saison aura eu lieu à Marseille, où il a perdu dès son premier match.

LOIN DEVANT L’OBJECTIF

«C’est historique, souligne Louis Borfiga, vice-président du développem­ent de l’élite chez Tennis Canada. C’est un exploit incroyable! Le meilleur, c’est qu’il n’a que 24 ans et qu’il a encore plusieurs bonnes années devant lui.»

Raonic ne restera sûrement pas bien longtemps à cette position. Blessé à un pied, il a fait l’impasse sur le Masters de Rome, cette semaine. Il doit passer sous le bistouri et on ne sait pas s’il pourra jouer à Roland-Garros. Sauf que peu importe la durée de sa présence au quatrième rang, le moment est grand pour l’as du service.

Pendant les six prochains jours, seuls Novak Djokovic, Roger Federer et Andy Murray pointeront devant lui sur l’échiquier du tennis masculin

«Quand il était au Centre [national d’entraîneme­nt], notre objectif était qu’il perce un jour le top 50, raconte Borfiga. À partir de là, on ne sait jamais ce qui peut arriver. C’était impossible de prévoir qu’un jour, il serait quatrième. Mais on a toujours su que c’était un joueur sérieux et ambitieux.»

RIGUEUR ET DÉVOUEMENT

Considéré à une certaine époque comme un puissant serveur au jeu unidimensi­onnel, Raonic a ajouté une à une les cordes à son arc, un arc qui lui permet maintenant de rivaliser avec les plus grands et de les battre à l’occasion.

Raonic n’a pas la fluidité de Federer ni les qualités de «retourneur» de Djokovic. Il n’a pas le jeu complet de Murray et même si ses frappes sont puissantes, son coup droit n’est pas aussi dévastateu­r que celui de Nadal.

Ses armes, outre ses incroyable­s premières et deuxièmes balles, sont sa rigueur à l’entraîneme­nt et son dévouement pour son sport.

«Milos est de loin la personne la plus déterminée que je connaisse, a déclaré son entraîneur Ivan Ljubicic à la grande Billie Jean King, dans le cadre d’un reportage du site The Player’s Tribune. C’est un accro au travail. Nous devons parfois l’obliger à se reposer.»

«Il n’arrête pas d’essayer d’améliorer son jeu, pointe Borfiga. Il a compris que

OBJECTIF: TITRE MAJEUR

peu importe l’âge, on doit continuer à s’entraîner et à peaufiner certaines techniques.»

Borfiga relève aussi la qualité de l’équipe d’entraîneur­s de Raonic, de Ricardo Piatti à Ljubicic, un ancien numéro 3, en passant par son préparateu­r physique, Dalibor Sirola.

Selon le Français, qui a déjà dirigé les Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga, on peut croire que le Canadien remportera un jour un tournoi majeur. Cet objectif avoué paraissait autrefois lointain, mais il est bien dans la mire de Raonic.

«C’est très réaliste, assure Borfiga. En fait, si vous êtes quatrième au monde et que vous n’aspirez pas à gagner un Grand Chelem, c’est bizarre.

«Il se sent tout près. Il me l’a dit l’an dernier, il veut gagner un Grand Chelem un jour et être numéro 1 au monde.»

Ce ne serait que la suite logique, en effet.

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Milos Raonic

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