Le Journal de Montreal

Une entrevue... de trois jours

Avant le repêchage de la LCF, qui aura lieu le 12 mai, les joueurs ont dû passer par le combine

- Joanie Godin JGodinJDM

À peu près tout le monde a à passer une entrevue pour un emploi au cours de sa vie. Mais pour les athlètes qui aspirent à faire le saut chez les profession­nels, l’entrevue en question est beaucoup plus complexe et surtout stressante. Le Journal apu entrer dans les coulisses lors du dernier combine de la Ligue canadienne de football, qui s’est tenu à Toronto à la fin mars. Si un candidat potentiel à un poste plus normal se pointe devant son potentiel employeur pour une entrevue d’une durée déterminée, il en est tout autre pour le footballeu­r amateur. Voici donc ce que vivent ces jeunes athlètes universita­ires pendant trois jours pour le moins stressants qui pourraient déterminer le reste de leur carrière.

Dès leur arrivée à Toronto, les joueurs sont épiés. En fait, tous leurs faits et gestes sont scrutés à la loupe durant trois jours. Rien n’est laissé au hasard. Chaque question a sa raison d’être, en entrevue ou dans un corridor. Chaque petit détail compte. L’enjeu? Rien de moins que leur avenir profession­nel.

Après s’être enregistré­s le vendredi, les joueurs passeront par une batterie de tests médicaux. Tout est noté: poids, taille, longueur des avant-bras, largeur de la main, taux de gras, etc. Dans la soirée, première ronde des entrevues avec les dirigeants des neuf équipes de la Ligue. Ces discussion­s, qui ne durent jamais plus de 13 minutes – top chrono! –, se poursuivro­nt le samedi soir après les premiers tests physiques.

Pendant trois heures, les joueurs se succéderon­t pour répondre à toutes sortes de questions devant une poignée de dirigeants, tantôt un entraîneur, tantôt un directeur général. Certains filmeront la rencontre, d’autres l’enregistre­ront à l’aide d’un micro.

Avant d’entrer dans la pièce, le stress est palpable dans les corridors de l’hôtel où se trouve tout le monde. Les joueurs ont sorti leurs plus beaux habits – certains ont même eu l’aide de leur paternel pour choisir la cravate – et attendent que la porte s’ouvre devant eux.

APPROCHES DIFFÉRENTE­S

Le Journal a pu assister à quelques-unes de ces entrevues, qui visent principale­ment à en savoir davantage sur la personnali­té des joueurs. Les échanges seront parfois amicaux, parfois plus rudes. Étrangemen­t, le déroulemen­t de ces rencontres reflète souvent l’image de la ville de l’équipe en question.

Du côté du Rouge et Noir d’Ottawa, pas de fla-fla, pas réellement de questions pièges, on parle beaucoup de l’attitude du joueur face à une équipe qui n’a qu’une saison d’expérience.

Chez les Alouettes, le petit groupe est accueillan­t, on félicite, par exemple, un joueur des Carabins pour sa victoire à la Coupe Vanier. On demandera au joueur de parler de sa famille, du travail de ses parents et du lien qu’il entretient avec eux.

Du côté des Argonauts de Toronto, c’est différent. Ils accueillen­t les espoirs dans une salle de conférence plutôt que dans le salon d’une suite. La table est couverte de documents plus officiels, il y a un projecteur pour montrer des séquences et, surtout, une demi-douzaine de dirigeants qui posent les questions à la vitesse de l’éclair. À peine le joueur a-t-il le temps de répondre à une question qu’on le bombarde d’une autre. C’est plus froid, plus direct. «Pas le temps de niaiser.»

À un joueur qui venait de dire qu’il ne regardait pas le football à la télévision et qui a affirmé que sa copine n’aimait pas ce sport, on a rapidement répondu, mi-blagueur, misérieux: «Tu devrais faire comme j’ai fait avec mon épouse: à prendre ou à laisser!» Et sans lui donner le temps de réagir, on est passé à une question purement stratégiqu­e.

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Christophe Normand du Rouge et Or de l’Université Laval était parmi les nombreux footballeu­rs qui participai­ent au «combine» de la LCF.
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