Le Journal de Montreal

Chefs pompiers harcelés par leurs subordonné­s

- NICOLAS LACHANCE

RIMOUSKI | Des chefs de pompiers du Québec vivent quotidienn­ement de la violence au travail, étant intimidés et harcelés par leurs confrères, selon une récente étude. Il s’agit d’un courant «hostile» important qui provoquera­it de graves répercussi­ons psychologi­ques chez les victimes.

«Pour une raison inconnue, lorsque les pompiers n’aiment pas un chef, ils décident de le harceler, d’avoir un comporteme­nt hostile et d’intimidati­on», a souligné l’étudiante Laetitia Larouche, co-auteure de l’étude, durant sa présentati­on à l’Associatio­n francophon­e pour le savoir (ACFAS).

La violence en milieu de travail qui touche les pompiers promus à un poste de cadre serait chose commune. Dès qu’un sapeur syndiqué est nommé chef des opérations, il serait à risque très élevé de vivre de la violence de la part de ses anciens confrères.

Ce sont les pompiers euxmêmes qui ont approché Mme Larouche et sa professeur­e titulaire en psychologi­e, Jacinthe Douesnard de l’Université du Québec à Chicoutimi, afin d’élaborer pour la première fois un portrait de cette violence chez les pompiers.

Menée auprès de 200 chefs pompiers de partout au Québec, l’étude indique qu’ils sont 38 % à considérer avoir vécu de la violence au travail et 31 % à avoir été témoins de violence au travail.

L’étude quantitati­ve a été réalisée auprès des pompiers permanents et volontaire­s (temps partiel).

DÉPRESSION­S ET BURN-OUT

Les sapeurs sont les premiers répondants, ils pratiquent un métier difficile psychologi­quement, mais, parce qu’ils se tiennent en meute et se confient beaucoup, ils réussissen­t à gérer leurs émotions, soutient l’étudiante. Toutefois, lorsque l’un des membres devient chef, il est isolé. Ils commencent alors à vivre des gestes qui les discrédite­nt ou les excluent, indique la conclusion de l’enquête.

Une situation qui mène, selon les pompiers s’étant confiés aux auteurs, à de profondes dépression­s, des burn-out, des arrêts de travail, du stress post-traumatiqu­e et jusqu’à des mutations de services.

«Il y a des cas lourds», a admis Mme Larouche.

PLUSIEURS ATTAQUES

Le problème, c’est que les chefs de coordinati­on vivent une violence provenant de tous les fronts, car leurs agresseurs se trouvent autant chez leurs subordonné­s, à 37 %, que chez leurs supérieurs à 43 %.

Fait étrange, une fois sur les lieux d’un incendie, d’un accident ou d’une situation d’urgence, l’intimidati­on et le harcèlemen­t font majoritair­ement place à l’entraide.

«Ce sont les chefs de coordinati­ons qui vont orchestrer les pompiers sur le terrain, qui vont leur dire quoi faire», a-t-elle expliqué.

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Une étude indique que 38 % des chefs pompiers du Québec considèren­t avoir vécu de la violence au travail et 31 % à avoir été témoins de violence au travail.

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