Chefs pompiers harcelés par leurs subordonnés
RIMOUSKI | Des chefs de pompiers du Québec vivent quotidiennement de la violence au travail, étant intimidés et harcelés par leurs confrères, selon une récente étude. Il s’agit d’un courant «hostile» important qui provoquerait de graves répercussions psychologiques chez les victimes.
«Pour une raison inconnue, lorsque les pompiers n’aiment pas un chef, ils décident de le harceler, d’avoir un comportement hostile et d’intimidation», a souligné l’étudiante Laetitia Larouche, co-auteure de l’étude, durant sa présentation à l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).
La violence en milieu de travail qui touche les pompiers promus à un poste de cadre serait chose commune. Dès qu’un sapeur syndiqué est nommé chef des opérations, il serait à risque très élevé de vivre de la violence de la part de ses anciens confrères.
Ce sont les pompiers euxmêmes qui ont approché Mme Larouche et sa professeure titulaire en psychologie, Jacinthe Douesnard de l’Université du Québec à Chicoutimi, afin d’élaborer pour la première fois un portrait de cette violence chez les pompiers.
Menée auprès de 200 chefs pompiers de partout au Québec, l’étude indique qu’ils sont 38 % à considérer avoir vécu de la violence au travail et 31 % à avoir été témoins de violence au travail.
L’étude quantitative a été réalisée auprès des pompiers permanents et volontaires (temps partiel).
DÉPRESSIONS ET BURN-OUT
Les sapeurs sont les premiers répondants, ils pratiquent un métier difficile psychologiquement, mais, parce qu’ils se tiennent en meute et se confient beaucoup, ils réussissent à gérer leurs émotions, soutient l’étudiante. Toutefois, lorsque l’un des membres devient chef, il est isolé. Ils commencent alors à vivre des gestes qui les discréditent ou les excluent, indique la conclusion de l’enquête.
Une situation qui mène, selon les pompiers s’étant confiés aux auteurs, à de profondes dépressions, des burn-out, des arrêts de travail, du stress post-traumatique et jusqu’à des mutations de services.
«Il y a des cas lourds», a admis Mme Larouche.
PLUSIEURS ATTAQUES
Le problème, c’est que les chefs de coordination vivent une violence provenant de tous les fronts, car leurs agresseurs se trouvent autant chez leurs subordonnés, à 37 %, que chez leurs supérieurs à 43 %.
Fait étrange, une fois sur les lieux d’un incendie, d’un accident ou d’une situation d’urgence, l’intimidation et le harcèlement font majoritairement place à l’entraide.
«Ce sont les chefs de coordinations qui vont orchestrer les pompiers sur le terrain, qui vont leur dire quoi faire», a-t-elle expliqué.