Hantée par l’assassin de sa fille
25 ans plus tard, elle le croise dans les rues de Québec
QUÉBEC | Vingt-cinq ans après le meurtre de sa fille, Céline Barbeau pleure toujours sa perte et est hantée par son meurtrier, qu’elle a croisé de nombreuses fois dans les rues de Québec.
Le soir du 25 mai 1990, à Charlesbourg, la jeune Johanne Renaud âgée de 19 ans était battue, mordue au visage et étranglée à mort par son conjoint marocain. Même si un quart de siècle a passé depuis le meurtre de sa fille, Céline Barbeau est encore bouleversée et émue lorsqu’elle se confie, les larmes aux yeux. «Ça fait 25 ans et je la pleure encore», regrette-telle, la voix cassée par l’émotion.
À la suite d’une chicane, Abderrahman Chouaiby a commis l’irréparable. Il venait d’enlever la vie à la jeune Johanne Renaud, se livrant aux policiers la nuit même.
Durant son procès, l’homme a affirmé qu’il s’était senti attaqué par Johanne Renaud, mentionnant qu’elle l’aurait traité de «sale Arabe». Le couple se connaissait depuis huit mois et avait emménagé ensemble cinq semaines avant le drame. En décembre 1990, un jury a finalement condamné l’homme pour un homicide involontaire coupable, car il aurait agi, selon eux, «dans un accès de colère causé par une provocation soudaine».
Céline Barbeau n’en revenait pas. «Lors du verdict, je me suis effondrée», se remémore difficilement la dame, qui critique aujourd'hui sévèrement le système de justice. «Elle n’était pas présente pour se défendre. Il l’avait tuée.»
RESTER AU PAYS
De plus, quelque temps avant qu’il étrangle sa victime, Chouaiby a commis un vol avec voies de fait. Pour l’ensemble de l’oeuvre, il a été condamné à huit ans de prison. Il n’aura finalement passé que 32 mois derrière les barreaux. Puis, comme Abderrahman Chouaiby n’avait pas sa citoyenneté canadienne lors des crimes, il aurait pu être extradé. Toutefois, il a toujours réussi à empêcher son départ vers le Maroc. Mme Barbeau souligne qu’à l’époque, les autorités soutenaient qu’il serait plus simple pour la réhabilitation du criminel de rester à Québec, car ses parents vivaient là.
En 2000, il a même obtenu que soit renversé son appel d’ordonnance d’expulsion du Canada.
RENCONTRES TROUBLANTES
Quelques années plus tard, après une visite à sa fille au complexe funéraire La Souvenance, la dame a croisé Chouaiby. Elle ne pouvait pas croire que l’homme qui avait enlevé la vie à sa fille avait droit à la liberté. Un bilan qui glace le sang de Mme Barbeau, qui souligne avoir croisé à de nombreuses reprises le meurtrier de sa fille.
Encore aujourd’hui, Chouaiby, maintenant âgé de 46 ans, réside à Québec et a refusé de répondre aux questions du Journal sur ce triste événement.