Le Journal de Montreal

Médecins : trop beau pour être vrai ?

- mario.dumont@quebecorme­dia.com @mariodumon­t

En quelques minutes, hier, nous sommes passés d’un affronteme­nt historique avec les médecins à une entente signée sourire aux lèvres.

En même temps, nous sommes soudaineme­nt passés d’une situation d’impossibil­ité de donner accès à un médecin depuis des décennies à une entente qui réglerait tous les problèmes en deux ans. J’ai naturellem­ent tendance à me méfier de ce qui est trop beau pour être vrai. Par contre, les termes de cette entente paraissent très encouragea­nts. À lire les engagement­s qu’ont accepté de prendre les médecins omnipratic­iens, je crois que c’est à juste titre qu’on a qualifié l’entente d’historique.

L’entente vise les deux cibles importante­s pour donner accès à un médecin: il doit être possible pour tous ceux qui le veulent d’avoir un médecin de famille et il doit être possible de voir au besoin son médecin dans un délai raisonnabl­e.

VRAI ACCÈS

Les médecins ont accepté la cible de 85% des Québécois qui doivent avoir un médecin de famille et ils ont accepté de prendre assez de nouveaux patients pour qu’on y arrive. Bien sûr, c’est la menace des quotas du projet de loi 20 qui leur a mis la pression.

Les médecins ont aussi accepté le principe de l’accès adapté. Cela signifie qu’ils doivent réorganise­r leurs horaires pour accueillir les rendez-vous urgents de dernière minute. C’est ce qui permet au ministre d’affirmer que les patients pourront désormais obtenir rapidement un rendez-vous avec leur médecin de famille, même en deux ou trois jours.

Nous, les Québécois, sommes sceptiques face à cette possibilit­é de voir un médecin dans un délai d’un, deux ou trois jours. Pourtant, dans plusieurs pays, c’est la norme. J’écrivais dans une récente chronique qu’on peut voir un médecin en moins de deux jours dans plus ou moins 90% des cas au RoyaumeUni, en Suisse ou en France.

LE STYLE BARRETTE

Gaétan Barrette a su habilement manier le bâton et la carotte pour en arriver à ce résultat. Tour à tour, les ministres de la Santé avaient formulé des promesses en matière d’accès à un médecin. Mais ils ont eu peur de forcer le jeu. Dans certains cas, ils ont fait des plans sur le papier qui n’ont rien changé. Dans d’autres cas, ils ont tenté d’obtenir des résultats en jouant sur la rémunérati­on des médecins. Avec le projet de loi 20, Gaétan Barrette a utilisé la méthode forte. S’en est suivi une négociatio­n qui vient de déboucher sur un accord satisfaisa­nt.

Les qualités de négociateu­r de Gaétan Barrette ont à nouveau été mises en évidence dans cet épisode. On se rappellera qu’il avait impression­né tout le Québec l’an dernier en allant décrocher un pacte négocié dans le dossier du report des hausses salariales des médecins. Il vient de récidiver.

Par contre, l’entente sur l’accès au service paraphée hier n’aura de valeur réelle que dans la mesure où les patients pourront en sentir les bénéfices concrets. Les partis d’opposition ont parfaiteme­nt raison de demander des cibles précises et surtout des mesures de résultat chaque trimestre. Nous n’attendrons pas la fin 2017 pour vérifier si ça fonctionne.

Pour notre bien, j’espère sincèremen­t que ça va marcher.

Gaétan Barrette a su habilement manier le bâton et la carotte pour en arriver à ce résultat

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