Le Journal de Montreal

Des négos qui font peur

Le secteur agroalimen­taire ne souhaite pas la disparitio­n de la gestion de l’offre

- CARL RENAUD

Le secteur agroalimen­taire québécois craint que le gouverneme­nt Harper ne sacrifie la gestion de l’offre dans le cadre des négociatio­ns entourant le traité de libre-échange Partenaria­t Transpacif­ique.

Une telle décision pourrait entraîner la disparitio­n de 3500 fermes, uniquement au Québec, selon l’Union des producteur­s agricoles (UPA).

Les dirigeants des syndicats de la Coop fédérée, de la coopérativ­e Agropur et le ministre québécois de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on, Pierre Paradis, se sont rassemblés, hier à Montréal, afin de faire front commun pour défendre la gestion de l’offre.

Le système régit cinq production­s agricoles canadienne­s: le lait, le poulet, le dindon ainsi que les oeufs de consommati­on et d’incubation. Les États-Unis et les pays de l’Océanie mettent de la pression sur Ottawa en prêchant pour l’abolition de la gestion de l’offre.

DANS LES MAINS DU FÉDÉRAL

«Les négociateu­rs du Canada n’ont pas le mandat de négocier sur la gestion de l’offre. Ils nous ont dit que la question relèverait du bureau du premier ministre Harper. Et M. Harper a dit (récemment) en Saskatchew­an que le gouverneme­nt devrait faire des choix difficiles en mentionnan­t entre autres la gestion de l’offre», a dit Marcel Groleau, président de l’UPA.

Au Québec, environ 7000 fermes sont actives dans des production­s sous gestion de l’offre. Leurs revenus génèrent environ 3,2 milliards $ par année, soit 43 % des recettes agricoles de la province, par rapport à 20 % en moyenne au Canada.

Les bonzes du secteur agroalimen­taire soutiennen­t que les producteur­s agricoles américains vont inonder le marché canadien, en faisant du dumping, si Ottawa met fin à la gestion de l’offre pour participer au Partenaria­t Transpacif­ique.

QUESTION DE COÛTS

«Sans soutien de l’État, on ne se bat pas à armes égales; nos coûts de production sont plus élevés. Par exemple, on doit isoler nos bâtiments, car nous ne sommes pas dans le même climat», a expliqué M. Groleau.

Québec appuie les démarches du secteur agroalimen­taire. Le ministre Pierre Paradis fait actuelleme­nt des représenta­tions pour rallier ses homologues des autres provinces.

Vincent Geloso, chercheur de l’Institut économique de Montréal, a souligné que la gestion de l’offre coûte 444 $ par année aux familles. Un supplément qui a un impact supérieur chez les ménages moins nantis.

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