Le Journal de Montreal

Et Dieu créa Maria

- RÉJEAN TREMBLAY

PARIS | À un moment donné, il faut le remercier. D’abord d’avoir créé les cieux, puis la terre et enfin… d’avoir créé Maria Sharapova.

Il y a cent façons de regarder jouer la grande Russe, défenderes­se du titre de Roland-Garros. On peut le faire en écoutant Hélène Pelletier, c’est une option. Ou Paul Rivard en 2016. Ou en s’offrant un voyage à Toronto à la Coupe Rogers en août prochain. Mais à moins de payer un ticket 800 $, vous allez la regarder d’au moins quelques rangées.

La façon, la vraie façon, c’est de s’installer dans une des deux rangées réservées aux photograph­es et aux journalist­es tout en bas, derrière le court central de Roland-Garros.

Tu t’installes, tu ouvres les yeux, tu fermes ton portable, évidemment, et tu écoutes. Il y a les cris de Sharapova, le bruit de ses souliers glissant sur la terre battue, l’ahanement lourd de son adversaire, Kaia Kanepi et les longues respiratio­ns qu’elle prend entre deux échanges. Question de rester bien concentrée.

Cette Kaia Kanepi n’est pas n’importe qui. C’est elle qui déménageai­t Eugenie Bouchard deux jours plus tôt à l’entraîneme­nt.

Puis, quand le soleil sort des nuages et plonge sur le Philippe-Chatrier pour réchauffer la brise légère qui aère le court, on se dit qu’être payé pour être assis à cet endroit fait du bien à son âme de prolétaire ouvrier.

Et enfin, on regarde. Le coup droit puissant, le revers défensif que la grande Russe transforme en contre-attaque, on regarde aussi la casquette visière qu’elle porte pour afficher Nike et tenir en place ses cheveux, on admire le chandail qui rappelle celui des serveurs du Deauville…

On admire… et on se dit qu’un jour, ça devait être le sixième, le Bon Dieu créa Maria…

Détail quand même important, Maria a gagné. 6-2, 6-4.

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