Le Journal de Montreal

Les framboises du Québec en péril ?

Les cultivateu­rs craignent de ne pouvoir faire le poids si les chaînes favorisent les produits américains

- Marie-Ève Dumont MEDumontJD­M marie-eve.dumont @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8033

Les producteur­s de framboises du Québec accusent les chaînes d'épiceries de nuire à leur culture, voire de la mettre en péril, en favorisant les petits fruits importés des États-Unis.

«La collaborat­ion avec les chaînes est essentiell­e pour conserver notre industrie. Si les producteur­s de framboises n’arrivent pas à écouler leur stock, ils vont se tourner vers d’autres cultures», s’inquiète Yourianne Plante, directrice générale de l'Associatio­n des producteur­s de fraises et framboises du Québec.

Les grands détaillant­s en alimentati­on ont choqué plus d’un cultivateu­r de framboises cette semaine en annonçant des promotions alléchante­s sur les framboises des États-Unis, alors que la saison de ces petits fruits bat son plein au Québec.

«C’est vraiment la pire semaine qu’ils pouvaient choisir. C’est fâchant de voir ce qu’ils font alors que la saison de la framboise d’été ne dure que trois semaines. Je sens qu’on devra faire beaucoup de confitures», laisse tomber Luc Tremblay, des Vergers Pierre Tremblay et fils, furieux.

AMÉRICAINE­S AU RABAIS

Les supermarch­és Loblaws, Maxi et Provigo ont en effet annoncé les framboises américaine­s à trois casseaux pour 5 $, tandis qu’IGA a prévu de vendre des formats plus petits de framboises québécoise­s au même prix que les plus gros formats américains. Metro, de son côté, a mis les framboises des États-Unis en première page de sa circulaire.

Les cultivateu­rs considèren­t ces promotions comme de la concurrenc­e déloyale alors que les champs débordent.

«On ne peut pas avoir des prix plus bas, on ne peut pas vendre tout à perte. Si, pour produire des framboises, ça coûte 160 000 $ et qu’à la fin de la saison le cultivateu­r ne fait que quelques milliers de dollars de profit, on va perdre nos producteur­s un à un. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se produire», soutient Dominic Lemire, des Jardins d’Oka.

PRODUCTEUR­S DÉCOURAGÉS

Ce n’est pas la première année que les producteur­s de framboises se plaignent de la piètre collaborat­ion des épiceries. Le Journal en avait fait état dans un article paru à pareille date l’an dernier.

Harold Varin en sait quelque chose. Après deux années de suite à vendre ses framboises au prix coûtant, il a décidé ce printemps de réduire de 80 % sa production.

«J’ai 65 ans et mes parents ont toujours cultivé la framboise, j’ai grandi avec ça. J’étais triste, mais je ne pouvais plus faire autrement. La concurrenc­e est trop gigantesqu­e», se désole-t-il.

 ?? PHOTO MARIE-ÈVE DUMONT ?? Luc Tremblay, des Vergers Pierre Tremblay et fils, a peur de ne pouvoir écouler toutes ses framboises fraîches.
PHOTO MARIE-ÈVE DUMONT Luc Tremblay, des Vergers Pierre Tremblay et fils, a peur de ne pouvoir écouler toutes ses framboises fraîches.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada