Le Journal de Montreal

L’HORREUR EN DIRECT

Le tireur, qui s’est enlevé lA vie Après lA fusillAde hier, AvAit dû être escorté par les policiers lors de son congédieme­nt de la station de nouvelles, il y a deux ans

- Dominique Scali DScaliJDM -Avec ABC, The New York Times, CNN, New York Daily News et Reuters. dominique.scali@quebecorme­dia.com

La fiancée du caméraman abattu et productric­e de l’émission matinale où la fusillade a éclaté hier se trouvait dans la salle de contrôle et a donc vu son amoureux se faire tirer en direct, selon CNN.

Il s’agissait en fait de son dernier jour de travail pour la station WDBJ.

Adam Ward et Melissa Ott étaient fiancés depuis peu. Ils avaient l’intention de déménager en Caroline du Nord, où la jeune femme s’était trouvé un nouvel emploi. Adam Ward avait quant à lui l’intention de quitter le monde des nouvelles.

«Je ne vais pas bien. Et je n’irai pas bien pendant longtemps […] Je ne trouverai jamais un homme aussi joyeux, généreux, protecteur, drôle ou charmant comme toi», a-t-elle écrit sur Facebook tard hier soir.

RADIEUSE

Le conjoint de la reporter Alison Parker, qui travaillai­t comme présentate­ur pour la même chaîne, s’est lui aussi vidé le coeur sur les réseaux sociaux.

«Elle était la femme la plus radieuse que j’ai jamais rencontrée», a publié Chris Hurst sur Twitter.

«Nous étions très en amour. Nous venions tout juste d’emménager ensemble. Je suis paralysé», a-t-il écrit au-dessus d’une photo montrant le couple en tenue de bal. «Nous avons été ensemble pendant neuf mois. Ça a été les plus beaux neuf mois de nos vies. Nous voulions nous marier.»

ÉLOGES

Ryan Parkhurst, qui a été le mentor de Mme Parker pendant quatre ans à la School of Media Arts, s’est quant à lui désolé de la mort de son ancienne élève. «Elle était mon étudiante préférée. Je suis dévasté parce que je me souviens d’une personne extraordin­aire et qu’elle ne couvrira plus d’histoires maintenant.»

«Elle était tout ce que vous vouliez qu’un reporter soit: dure, mais juste», a de son côté confié Brad Jenkins, le directeur d’un journal étudiant auquel elle avait collaboré.

-Avec CNN, The New York Times et NBC

L’homme qui a abattu deux de ses ex-collègues en direct à la télé américaine hier se décrivait comme «un baril de poudre» prêt à exploser, s’estimant la cible de discrimina­tion dans un manifeste.

Discrimina­tion raciale, harcèlemen­t sexuel, insultes sur son homosexual­ité. Voilà les affronts dont se croyait victime le tireur. Il s’était fait connaître comme reporter sous le nom de Bryce Williams, mais son vrai nom était Vester Flanagan.

L’homme de 41 ans a ouvert le feu en plein direct sur les ondes de la chaîne WDBJ7, filmant lui-même la fusillade avec son propre appareil. La reporter Alison Parker, 24 ans, et le caméraman Adam Ward, 27 ans, ont tous deux perdu la vie dans la tragédie qui a eu lieu en Virginie, aux États-Unis. La femme qui était interviewé­e a été blessée, mais se trouvait dans un état stable au moment de mettre sous presse, selon la police.

Pourchassé par la police plusieurs heures plus tard, Williams s’est ensuite enlevé la vie. Il a succombé à ses blessures à l’hôpital. Mais pas avant de publier plusieurs commentair­es sur les réseaux sociaux.

AUTO MÉDIATISAT­ION

«Alison faisait des commentair­es racistes» et «Adam s’est plaint aux ressources humaines après avoir travaillé avec moi une seule fois», a-t-il publié sur son compte Twitter, qui a depuis été fermé. Il a également publié sa propre vidéo de l’attentat, captée de son point de vue, où on peut le voir attendre le moment où la caméra est dirigée vers la reporter pour brandir son arme et faire feu.

Williams a aussi envoyé un manifeste de 23 pages à la chaîne ABC, dans lequel il affirme être motivé par la tuerie de Charleston, en Caroline du Sud, où neuf personnes ont été tuées dans une église de la communauté noire en juin dernier.

«Mes balles portent les initiales des victimes [de Charleston]», indique-t-il.

COLLÈGUE DIFFICILE

Bryce Williams avait travaillé pour la chaîne ciblée par la fusillade, WCBJ7, pendant moins d’un an. Colérique, il avait acquis la réputation d’être un collègue difficile et avait déposé une plainte pour racisme contre la station auprès d’une commission pour l’équité à l’emploi. La plainte avait toutefois été jugée sans fondement.

À plusieurs reprises, des collègues s’étaient sentis menacés par Williams, révèlent des documents de cour.

Il avait finalement été congédié en février 2013 lors d’une réunion houleuse que la future victime Adam Ward avait filmée. Williams avait dû être escorté par la police, a raconté Jeffrey Marks, gérant de la station.

«Il performait bien en direct, c’était un bon reporter. Et puis il s’est mis à adopter un comporteme­nt étrange», raconte Don Shafer, un de ses anciens patrons d’une station floridienn­e.

Dans une vidéo qu’il avait lui-même mise en ligne sur YouTube en 2013, on peut voir différents segments de reportages présentant Williams, dont la toute première image le montre tenant une arme à feu.

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Le tireur brandit son arme sans que la reporter ou son invitée le remarque. Il fait ensuite feu, semant la panique. L’image disparaît, mais les cris d’horreur des victimes sont audibles. Sur la toute dernière image, on peut voir le tireur.
 ??  ?? En haut, Alison Parker et son copain Chris Hurst. En bas, la demande en mariage d’Adam Ward à Melissa Ott.
En haut, Alison Parker et son copain Chris Hurst. En bas, la demande en mariage d’Adam Ward à Melissa Ott.
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Tueur
VESTER FLANAGAN Tueur

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