Le Journal de Montreal

LA REVANCHE DU PUBLIC

Le réseau privé de moins en moins populaire

- Marie-Ève Dumont MEDumontJD­M marie-eve.dumont@quebecorme­dia.com 514.599.5888 8033

« SI J’AVAIS EU L’ARGENT, J’Y AURAIS SONGÉ PLUS SÉRIEUSEME­NT. JE ME SERAIS INFORMÉE, MAIS JE NE PENSE PAS QU’ILS ONT MANQUÉ QUOI QUE CE SOIT. CE N’EST PAS UN GAGE DE BONHEUR »

– Martine Potier

Même s’ils ont jonglé avec l’idée de l’envoyer au privé, les parents de Mariska ont décidé de se tourner vers l’école publique préférant garder l’argent des frais de scolarité pour l’université ou pour voyager.

«Toutes ses amies allaient à l’école privée, alors elle voulait les suivre. On lui a fait passer le test d’admission et elle l’a même réussi. Mais à sa grande déception, on l’a inscrite à l’école publique au coin de la rue», raconte Martine Picard, la mère de l’adolescent­e qui entre en 4e secondaire.

QUESTION DE PASSION

Mme Picard affirme avoir visité à deux reprises l’école privée dans son quartier à Montréal, mais a préféré le programme et la passion qu’elle voyait dans les yeux des professeur­s de l’établissem­ent public.

«Je trouvais la dépense de 5000$ complèteme­nt injustifié­e alors que les professeur­s ne faisaient que suivre le programme du ministère. Avec le programme enrichi qu’elle suit à l’école publique, ça ne me coûte rien pour une meilleure qualité d’enseigneme­nt», estime Mme Picard.

Elle a donc préféré aider sa fille à découvrir le monde et à préparer ses études postsecond­aires plutôt que d’investir dans «de grands locaux et de la belle peinture».

«Elle suit ses cours dans des salles moins rénovées, mais elle a des cours en sciences et en français de plus et des projets qui vont beaucoup plus loin que le cursus de base. Je pense que les voyages familiaux ont aussi été plus enrichissa­nts», ajoute-t-elle.

APPRENDRE PLUS

Même si Mme Picard considère qu’elle a fait le meilleur choix, d’autres croient que le privé vaut amplement ce qu’il coûte, mais, faute de moyens, ils ont dû se contenter du public.

C’est d’ailleurs le cas de Shanie Léveillé, qui a vécu une grande déception de n’avoir pu envoyer ses trois enfants au privé, alors que ses parents lui en avaient donné la chance.

«Je suis peinée pour eux, car j’y suis allée et l’école privée apporte beaucoup aux jeunes. L’encadremen­t, la discipline ne sont pas les mêmes et ils apprennent tellement plus au privé. Les sorties sont beaucoup mieux aussi», a-t-elle témoigné.

Pour sa part, Martine Potier ne voit pas les choses du même oeil, même si elle a aussi étudié dans un collège privé de la première à la quatrième secondaire.

«Quand je suis arrivée à l’école publique en 5e secondaire, je n’ai pas du tout senti que j’avais une longueur d’avance sur les autres», relate-t-elle.

PLUS AUTONOMES

Mme Potier et son conjoint n’avaient pas les revenus nécessaire­s pour envoyer leurs quatre enfants au privé avec un seul salaire.

«Si j’avais eu l’argent, j’y aurais songé plus sérieuseme­nt. Je me serais informée, mais je ne pense pas qu’ils ont manqué quoi que ce soit. Ce n’est pas un gage de bonheur», croit la Terrebonni­enne.

Mme Potier considère plutôt qu’ils ont gagné en autonomie puisque l’encadremen­t est moins strict au public qu’au privé.

«Le temps pour faire leurs devoirs, ils le géraient eux-mêmes plutôt que d’avoir des périodes dédiées à l’école, par exemple. Je pense que mes enfants sont plus débrouilla­rds, plus préparés à affronter le monde», indique-t-elle.

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 ??  ?? Martine Potier et son fils Bruno Lévesque qui amorce son cinquième secondaire à l’école publique Des Côteaux à Terrebonne.
Martine Potier et son fils Bruno Lévesque qui amorce son cinquième secondaire à l’école publique Des Côteaux à Terrebonne.
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