Le Journal de Montreal

Pas d’eau potable depuis 5 ans

Deux quartiers résidentie­ls de Vaudreuil-Dorion sous le coup d’un avis d’ébullition depuis des années

- Anne Caroline Desplanque­s ACDesplanq­uesJDM anne-caroline.desplanque­s @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8024

« C’Est pAs BuvABLE ! C’Est MÊME pAs sENtABLE ! tu ENtrEs DANs tA DOuCHE Et L’ODEur tE pOGNE Au Coeur » – Gabrielle Martin

Près de 500 citoyens de VaudreuilD­orion, à 50 km de Montréal, sont obligés de faire bouillir leur eau, certains depuis cinq ans.

«C’est pas buvable! C’est même pas sentable! Tu entres dans ta douche et l’odeur te pogne au coeur», gronde Gabrielle Martin en tendant un verre d’eau jaunâtre du robinet dégageant une forte odeur de soufre.

Mme Martin réside au Domaine-en-Haut, un parc de maisons mobiles de Vaudreuil-Dorion où un avis d’ébullition est en vigueur depuis 2010 en raison de la présence de la bactérie E. coli dans le puits artésien municipal.

1800 $ DE TAXES

«La Ville nous a offert de nous raccorder à l’aqueduc municipal, mais à quel prix? C’est ridicule les taxes», indique un voisin, Adam Krawczyk, qui n’ose même pas donner de l’eau du robinet à boire à ses chats.

Comme Mme Martin, il dépense un peu plus de 700 $ par an pour acheter de l’eau embouteill­ée. Il débourse en plus 1800$ de taxes municipale­s chaque année, tandis que Mme Martin en paie 1500 $. «C’est quoi qu’on paie dans nos taxes? Je me le demande», dénonce M.Krawczyk pour qui l’accès à l’eau potable saine – pour lui comme pour ses 111 voisins – devrait être un droit.

«Une municipali­té a l’obligation morale de fournir de l’eau potable, mais il n’y a rien dans la réglementa­tion qui l’y oblige», explique le porte-parole du ministère de l’Environnem­ent, Daniel Messier.

Le directeur général de Vaudreuil-Dorion, Martin Houde, explique que chaque citoyen doit payer pour ses services. «Domaine-enHaut ne contribue pas aux frais de l’usine de filtration. Par équité pour l’ensemble des citoyens, chacun doit payer pour sa desserte d’eau», dit-il.

PLUS RICHES, MIEUX SERVIS

Le quartier Hudson Acres est aussi sous le coup d’un avis d’ébullition depuis 2013. Mais ses 232 résidents ont accepté une augmentati­on de taxes de 700 $ par an en moyenne pour être raccordés à l’aqueduc municipal. Là aussi, des bactéries d’origine fécale ont été détectées dans le puits municipal. «Je ne fais même pas des spaghettis avec», indique Bob Hart, résident du quartier cossu.

Contrairem­ent aux citoyens du Domaineen-Haut, ceux de Hudson Acres se voient livrer de l’eau embouteill­ée gratuiteme­nt chaque vendredi. Le service coûte 35 000 $ annuelleme­nt à la Ville. Incapable de justifier cette inégalité entre les deux quartiers, M.Houde explique qu’elle date de la précédente administra­tion.

Il assure que la Ville a fait des demandes de subvention­s pour régler le problème d’eau des deux quartiers. «On aimerait que ça aille plus vite, mais avec toutes les étapes qu’il faut suivre, c’est long et fastidieux», dit-il.

 ??  ?? Gabrielle Martin doit acheter de l’eau embouteill­ée depuis 2010, car des bactéries d’origine fécale contaminen­t le puits artésien municipal de son quartier. Elle paie pourtant 1500 $ de taxes par an pour sa maison mobile.
Gabrielle Martin doit acheter de l’eau embouteill­ée depuis 2010, car des bactéries d’origine fécale contaminen­t le puits artésien municipal de son quartier. Elle paie pourtant 1500 $ de taxes par an pour sa maison mobile.
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