Le Journal de Montreal

candidat inconnu en territoire « ennemi »

Le bloquiste dans Outremont se heurte à des portes closes

- SARAH-MAUDE LEFEBVRE sarah-maude.lefebvre@quebecorme­dia.com

Pas facile d’être un candidat inconnu du Bloc québécois dans un comté réputé fédéralist­e. Et ce l’est encore moins lorsque personne ne vous reconnaît ou ne vous manifeste son appui.

Hier, Le Journal a suivi Roger Galland, candidat bloquiste, lors d’une séance de porte-à-porte dans les rues d’Outremont, une circonscri­ption détenue par le chef du NPD Thomas Mulcair depuis 2007 et qui a auparavant longtemps été un fief libéral.

Malgré plusieurs arrêts dans différents commerces et résidences, et après plus d’une trentaine de personnes abordées, personne n’a reconnu ou appuyé M. Galland.

IGNORÉ

«Nous ne sommes pas dans le secteur où nous avons le plus de sympathisa­nts, admet-il. Sur 10 portes, je vais peut-être trouver trois bloquistes. Le reste, c’est oui, non, et c’est tout. Il y a une certaine froideur par moment. Mais je n’ai pas peur d’aller voir les gens qui ne votent pas pour nous.»

Le porte-à-porte débute devant le métro d’Outremont. Roger Galland aborde une dizaine de personnes. La plupart l’ignorent complèteme­nt, alors que certains acceptent rapidement un dépliant.

Dans une résidence de la rue Wiseman, l’accueil est poli, mais plutôt froid.

«Non, je ne voterai pas pour vous. Mon choix est fait. De toute façon, vos dépliants, c’est de la pollution», lance une jeune mère de famille avant de fermer sa porte.

DU COURAGE

Plus loin, le résident Charles Widmer lance: «Pour le moment, je réfléchis. J’écoute les niaiseries de tout le monde.»

La propriétai­re d’une maison cossue soulève le rideau de sa fenêtre, regarde le candidat et s’éloigne sans dire un mot.

D’autres n’ouvrent pas leur porte. Malgré tout, M. Galland refuse de se décourager. Il entreprend une tournée de commerces sur la rue Bernard.

Au moment où Le Journal l’a quitté, il était toujours bredouille.

Le candidat admet qu’il faut une bonne dose de «courage» pour frapper à la porte des citoyens dans une circonscri­ption qui ne lui est pas favorable.

«C’est un travail de longue haleine. C’est sûr que le fait d’être connu aide les candidats-vedettes sur le terrain. Ils sont accompagné­s d’un entourage, d’un photograph­e. Les gens sont attirés par la lumière. C’est plus difficile pour moi de retenir l’attention», avoue l’ancien copropriét­aire du bar Gainzbar, qui a vendu son commerce avant de se lancer en politique.

«Ça me plaît de me présenter contre Thomas Mulcair, poursuit toutefois le candidat bloquiste. La campagne est longue. Qui sait? Personne n’avait vu venir la vague orange il y a quatre ans.»

Après réflexion, le résident des Laurentide­s avoue à mots voilés savoir que ses chances de l’emporter sont minces. «Je ne travaille pas que pour l’élection du 19 octobre. Je suis là surtout pour promouvoir l’indépendan­ce. Pour convaincre les gens, un à un.»

 ??  ?? Charles Widmer est l’un des rares résidents d’Outremont à avoir ouvert sa porte au candidat bloquiste Roger Galland hier, sans toutefois lui donner clairement son appui.
Charles Widmer est l’un des rares résidents d’Outremont à avoir ouvert sa porte au candidat bloquiste Roger Galland hier, sans toutefois lui donner clairement son appui.

Newspapers in French

Newspapers from Canada