Québec chinois
La nomination de Jean-François Lépine au poste de représentant du Québec en Chine réjouit tout le monde, avec raison. En plus, cette nomination attire l’attention sur une situation qui est anormale.
La Chine est le second partenaire commercial du Québec, mais le ministère des Relations internationales du Québec n’a ouvert que des «bureaux» en Chine. Le Québec possède quatre types de représentation à l’étranger. Au sommet se trouvent les délégations générales. Il en existe sept au total (Bruxelles, Londres, Mexico, Munich, New York, Paris Tokyo). Suivent en dessous les délégations, puis les bureaux, puis enfin les antennes.
BUDGET FAIBLE
Les bureaux arrivent donc assez bas dans la hiérarchie du ministère des Relations internationales. N’avoir que des bureaux en Chine (Pékin, Shanghai et Hong Kong) montre la place peu importante qu’occupe la Chine dans la politique du gouvernement du Québec.
Même le budget des trois bureaux est faible. Un maigre 1,3million de dollars pour payer 17 employés, la location de locaux, des appartements de services, des frais de représentation, etc. Il est vrai que les fonctionnaires du ministère des Relations internationales du Québec sont très souspayés, en comparaison de leurs collègues du fédéral.
Que peut apporter la Chine au Québec? Le plus important pour le Québec n’est peut-être pas le commerce. Certes, le marché chinois est immense, mais, faute d’avoir bien joué ses cartes, le Québec y a pris un retard considérable par rapport à ses concurrents. Ce retard ne sera comblé que lorsqu’une masse critique de Québécois de souche aura développé une expertise sur ce pays, ce qui est loin d’être le cas et qui devrait exiger plusieurs décennies.
AVANTAGES POSSIBLES
Le bénéfice immédiat des échanges du Québec avec la Chine se trouve peut-être dans les échanges universitaires. Plusieurs de nos universités ont établi des liens étroits avec des universités chinoises prestigieuses. Or, la Chine est déjà à la fine pointe de la recherche dans presque tous les domaines. Bientôt, il ne sera pas possible de faire de la recherche de pointe sans collaboration avec les laboratoires chinois. D’autre part, les firmes de génie chinoises pourraient avoir un effet salutaire sur les firmes de génie québécoises. Par exemple, des entreprises chinoises pourraientelles construire des lignes de métro ou des ponts à bon prix à Montréal? Les prix scandaleux exigés pour ce genre d’ouvrages par plusieurs firmes d’ici pourraient être ramenés à des niveaux plus acceptables avec un peu de concurrence chinoise. Et l’économie de nos villes s’en porterait mieux.
La présence du Québec en Asie en général, et en Chine en particulier, demeure bien timide en regard des avantages que nous pourrions tirer d’une relation plus forte avec les pays de cette région.
N’avoir que des bureaux en Chine montre la place peu importante qu’occupe la Chine dans la politique du gouvernement du Québec