Le Journal de Montreal

La main-d’oeuvre locale ne suffira jamais

- JEAN-SÉBASTIEN MARSAN

Pour le milieu agricole québécois, il est impossible de se passer des Mexicains, des Guatémaltè­ques ou des Honduriens qui travaillen­t aux champs. Les travailleu­rs locaux ne seront jamais en nombre suffisant, selon la Fondation des entreprise­s en recrutemen­t de main-d’oeuvre agricole étrangère (FERME).

«Plus de 50 % des emplois agricoles sont occupés par des travailleu­rs étrangers au Québec, au Canada, aux États-Unis, et dans tous les pays riches, a indiqué Denis Hamel, le directeur général de la FERME. C’est un phénomène typique des pays industrial­isés.»

Plusieurs phénomènes de société, irréversib­les, obligent les agriculteu­rs québécois à recruter hors des frontières.

En premier lieu, l’urbanisati­on. Au 19e siècle, la majorité de la population québécoise vivait encore à la campagne. À compter du début des années 1900, les villes se sont rapidement développée­s, les emplois industriel­s et de services ont attiré de plus en plus de travailleu­rs venus des régions, les immigrants se sont concentrés à Montréal.

Ce déplacemen­t de population­s se poursuit toujours aujourd’hui. «Depuis de nombreuses années, il y a un exode de la main-d’oeuvre de la campagne vers les villes», a résumé Denis Hamel.

« DIFFICILE ET LABORIEUX »

De plus, «le travail agricole, qui a toujours été difficile et laborieux, est délaissé pour des emplois plus qualifiés», a ajouté Denis Hamel. Qui blâmera les jeunes qui désirent une carrière stimulante, de bonnes conditions de travail et un salaire confortabl­e?

Des étudiants peuvent éventuelle­ment occuper un emploi d’été sur une ferme, mais ils retournent en classe à la fin du mois d’août ou au début de septembre. Il est donc impossible, pour les producteur­s, d’embaucher des jeunes pour la cueillette des pommes et autres récoltes d’automne.

Rehausser les salaires aux champs est impensable dans le cadre économique actuel. Contrairem­ent au poulet ou aux produits laitiers, les fruits et légumes ne sont pas contingent­és par la gestion de l’offre.

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