Le Journal de Montreal

Introuvabl­e et soupçonné d’avoir profité des acheteurs

Un vendeur de voitures usagées est montré du doigt par ses clients endettés

- BENOIT CHEVALIER

SAINT-CYPRIEN-DE-NAPIERVILL­E | Au moins une dizaine de clients d’un garage de véhicules usagés se retrouvent sans voiture, mais lourdement endettés, et ils soupçonnen­t le président du garage de s’être volatilisé avec leur argent.

Les pertes financière­s des six victimes avec lesquelles Le Journal a discuté s’élèvent à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Une enquête a d’ailleurs été ouverte par la Sûreté du Québec à la suite de leurs plaintes.

C’est le cas de Marie-Michèle Tellier et de son conjoint Junior Ménard. Le couple croyait faire une bonne affaire en échangeant sa BMW au garage Auto Jamm pour un Range Rover, le 8 août.

Leur achat a toutefois tourné au cauchemar. Mme Tellier doit continuer à payer le prêt de la BMW, en plus de celui qu’elle a contracté pour le Range Rover. Le premier prêt n’a pas été épongé comme prévu. Le montant total s’élève maintenant à 90 000 $. Pour ajouter l’insulte à l’injure, le couple devra en plus remettre le Range Rover à un encanteur, car celuici n’a pas été payé par le garage Auto Jamm.

«C’est l’horreur! On a deux enfants. Va-t-on être obligés de faire faillite à cause de ce garslà», raconte Mme Tellier.

La même mésaventur­e est arrivée à Josianne Boucher, de Saint-Jean-sur-Richelieu. La jeune femme vient de recevoir une lettre d’un huissier l’obligeant à remettre la voiture qu’elle vient d’acheter. Et elle devra elle aussi continuer à payer le prêt encouru.

«J’ai 20 ans, un prêt de 18 000 $ plus intérêts et je suis en congé de maternité. Je ne fais que 21000$ par année! Je suis vraiment déçue», laisse-t-elle tomber.

VÉHICULES IMPAYÉS

Les victimes interrogée­s par Le Journal montrent du doigt le président du garage Auto Jamm, Patrice Pagé. Selon elles, les transactio­ns effectuées auraient profité à M. Pagé, qui n’a pas été vu à son domicile depuis le 16 août. C’est sans compter que le garage Auto Jamm aurait fermé ses portes.

Selon les témoignage­s, le commerce se serait procuré des véhicules chez Enchères d’automobile­s St-Pierre (ESP) de Lachine. Il aurait par la suite vendu les véhicules, sans payer l’encanteur à qui il devrait maintenant 330000$. Plusieurs victimes se sont donc fait saisir leur nouveau véhicule en guise de compensati­on pour ESP.

M. Pagé n’aurait pas non plus remboursé les dettes restantes sur les véhicules usagés que ses clients lui échangeaie­nt, ce qui explique pourquoi ceux-ci se retrouvent avec deux prêts à rembourser. «Il mettait l’argent dans ses poches et il ne payait pas les prêts. On a donc deux prêts de 45000$ pour nos véhicules, mais aucune voiture», avance Marie-Michèle Tellier.

Selon le vice-président au financemen­t d’Enchères d’automobile­s St-Pierre (ESP), Alain Joyal, une poursuite au civil serait en préparatio­n contre Auto Jamm.

Le Journal a tenté à plusieurs reprises de joindre Patrice Pagé, sans succès. Aucune accusation n’a été portée dans ce dossier. La division des enquêtes régionales de la Sûreté du Québec est toujours à la recherche d’informatio­ns et invite toute personne ayant été victime à entrer en contact avec elle.

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Un avocat a confirmé à Marie-Michèle Tellier qu’elle devra remettre son Range Rover dans les prochains jours. Mais elle devra continuer de payer la dette sur ce véhicule et sur la BMW qu’elle avait laissée en échange.
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