Le Journal de Montreal

La fin des consignes suggérée

Plusieurs s’inquiètent de la répercussi­on d’une possible abolition sur la vie des personnes démunies

- — Avec la collaborat­ion de Marie-Christine Noël Caroline Pailliez CPailliezJ­DM

L’abolition de la consigne des bouteilles en plastique et des canettes, suggérée par une étude, pourrait avoir un impact dramatique sur la vie de milliers de personnes qui s’en servent pour joindre les deux bouts.

«Il y a des milliers de gens qui ramassent ces canettes pour boucler leur fin de mois. Un dix dollars par jour, ça change tout dans leur vie», prévient Pierre Batellier, président de la coop Les Valoristes, qui offre des points de dépôt pour les contenants consignés.

Ce dernier réagissait à une étude de l’Université Laval (voir autre texte) qui estime que les détaillant­s et fabricants réaliserai­ent des économies de près de 20 M$ en abolissant les consignes des canettes de bières et de boissons gazeuses. Et jusqu’à 5,2 M$ en abolissant les bouteilles en plastique consignées.

DE L’ARGENT BIEN DÉPENSÉ

M. Batellier n’est pas le seul à défendre l’importance de la consigne des bouteilles en plastique et des canettes.

Manon Lachance, travaille au Centre de réadaptati­on Lucie-Bruneau et compte sur «l’argent des vieilles bouteilles vides», entre autres, pour acheter des cartes-cadeaux aux clients «en difficulté».

«Sans les bouteilles, ça va faire un trou, un manque à gagner pour venir en aide aux gens», a souligné Mme Lachance qui a amassé près de 175$, l’an dernier, grâce aux contenants consignés.

Et il n’est pas rare de voir une file d’attente devant les «machines à canettes» des épiceries, lors de la journée où les gens mettent à la rue leur recyclage contenant des canettes.

«Je viens une fois par jour. Mes voisins font déjà le tri alors je prends les canettes. Je recycle et ça me donne des sous», a expliqué Amed, un résident de Rosemont.

RECYCLAGE À LA MAISON

Toutefois, certaines personnes rencontrée­s par

Le Journal ont avoué ne pas réclamer les consignes et préfèrent recycler à la maison, comme l’indiquent les résultats de l’étude.

«Je viens très rarement et je manque de temps», a lancé Serge à la sortie de l’épicerie.

Pour Karel Ménard, porte-parole de ProConsign­e Québec, les recommanda­tions du rapport représente­nt un pas en arrière pour la société, mais aussi pour l’environnem­ent.

«La plupart des canettes qui ne seront plus consignées vont finir au dépotoir. Quand on sait que seulement 31% des gens recyclent de leur aluminium dans les poubelles de tri, c’est inquiétant». Le taux de retour des canettes consignées se situe, quant à lui, autour de 71%, selon l’étude.

L’étude commandée par le gouverneme­nt du Québec est maintenant entre les mains du ministre de l’Environnem­ent, David Heurtel. Ce dernier a affirmé que «le gouverneme­nt est d’avis qu’il faut moderniser le système de consignati­on et optimiser la collecte sélective au Québec afin d’accroître nos performanc­es environnem­entales».

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En mai, Michel Lépine arpentait le Village gai afin de ramasser des contenants consignés lui permettant de mieux manger. Manon Lachance amasse de l’argent pour le Centre de réadaptati­on Lucie-Bruneau grâce aux canettes vides. Près d’une vingtaine de...
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