Dédommagement de 5000 $ à une artiste de Montréal
Une artiste montréalaise en danse contemporaine aura droit à un dédommagement de 5000 $ de la part d’un excollègue qui l’a harcelée sexuellement lors d’une tournée en Allemagne.
Le Tribunal des droits de la personne vient de condamner Armando Gomez, directeur technique d’une compagnie de danse de Montréal, à verser cette indemnité à l’interprète pour dommages moraux liés à un épisode de «harcèlement sexuel dans un contexte de travail».
Les faits remontent au printemps 2011. La troupe dont la victime faisait partie se trouvait en Allemagne pour présenter une série de spectacles.
Le soir de leur arrivée, la victime – dont l’identité ne peut être révélée – a participé à une «soirée bien arrosée» avec des membres de l’équipe, dont son directeur technique, qui lui a payé deux cognacs, a relaté la juge Rosemarie Millar dans un jugement rendu le 4 août.
15 MINUTES « EN CUILLÈRE »
De retour où elle logeait, la victime – qui partageait un appartement avec le défendeur, chacun ayant une chambre séparée – a été prise de nausées et a dû aller aux toilettes.
En ressortant, elle s’est retrouvée «face à M. Gomez qui lui [a demandé] comment elle [allait]». Celui-ci l’a enlacée, poussée dans sa chambre et entraînée sur le lit avec lui.
Malgré les protestations de l’artiste qui lui répétait: «Lâche-moi! Va-t’en!» il l’a maintenue collée contre lui, en «cuillère», en l’embrassant sur l’épaule et en la caressant.
Ce n’est qu’après l’avoir menacé de crier que la victime a finalement vu son collègue quitter sa chambre.
Dès le lendemain, elle s’est confiée à d’autres collègues et à son directeur de tournée. «Suite à cet incident, madame […] se sent mal à l’aise de danser nue devant M. Gomez tel qu’il est prévu dans la chorégraphie. […] Elle demeure bouleversée», précise le jugement.
Elle est restée «fortement marquée par les gestes posés par monsieur» et l’est encore aujourd’hui.
« AFFECTUEUX »
En défense, Armando Gomez n’a pas nié les faits, mais a dit n’avoir eu «aucune intention de faire du mal à madame». Ses gestes et ses propos étaient «purement affectueux et amicaux et ne révélaient aucune connotation sexuelle», a-t-il ajouté.
Une version que le tribunal a qualifiée de «guère crédible», celle de la victime étant confirmée par d’autres témoins.
«Les gestes posés par M. Gomez dans la nuit du 12 avril 2011 sont manifestement de nature sexuelle. Ils pourraient être qualifiés d’agression sexuelle et non d’un énorme malentendu», a tranché la juge, ajoutant que le fautif s’était montré «insouciant et négligent» quant aux conséquences de ses gestes.