Lire la lettre ouverte du chef d’Option nationale Sol Zanetti
La vieille déclaration gênante de VirJiny Provost, candidate du Bloc québécois dans Mégantic-L’Érable, fait beaucoup réagir depuis qu’Infoman l’a déterrée d’internet il y a quelques jours.
Ils sont chanceux, les politiciens d’aujourd’hui, de ne pas avoir ouvert leur compte Facebook à l’âge de 10 ans, de ne jamais avoir eu l’occasion d’envoyer des photos d’euxmêmes nus sur Snapchat à une amoureuse ou à un amoureux revanchard. Ils sont chanceux d’avoir vécu leur adolescence dans un monde où l’on avait encore la possibilité d’être oublié, où nos faits et gestes n’étaient pas susceptibles d’être gravés à jamais dans la mémoire collective en ligne. Ils sont chanceux.
Malheureusement, plus personne n’aura jamais cette chance. C’est fini.
Alors, quoi? On peut continuer à chercher des poux aux jeunes de la génération montante, scruter leur passé numérique et humilier publiquement ceux qui ont l’audace de risquer la vie publique pour contribuer à la société. C’est facile, vous n’en trouverez pas un qui n’a pas fait ou dit quelque chose de gênant sur les réseaux sociaux; ce sera aussi facile qu’aller pêcher dans une pisciculture.
Il va falloir adapter à la nouvelle réalité des médias sociaux les attentes que nous avons envers les politiciens. Avant, ils pouvaient nous donner l’illusion qu’ils n’avaient jamais été jeunes, qu’ils étaient nés prêts à gouverner l’État, qu’ils n’avaient jamais volé de friandises au dépanneur ou encore moins intimider un camarade de classe. Cette illusion devient impossible à maintenir aujourd’hui. Il faudra nous habituer à élire des êtres humains qui, comme nous, ne sont pas fiers de tout ce qu’ils ont pu faire dans leur jeunesse.
Les Jean-René Dufort de ce monde peuvent continuer d’agir comme ceux qu’on trouvait «cool» en sixième année du primaire parce qu’ils riaient du petit gars qui s’est fait prendre la main dans les culottes pendant la sortie au zoo. C’est facile pour M. Dufort, qui n’a pas pu ouvrir de compte Facebook avant l’âge de 37 ans. C’est facile, mais c’est mesquin.
Que ceux qui n’ont jamais fait ou dit de choses gênantes continuent de rire de VirJiny Provost. Pour ma part, je vais me garder une petite gêne.