Le Journal de Montreal

Qui a eu cette idée folle, un jour, de détruire l’école ?

- Aurélie Paquet Étudiante et enseignant­e

Hier, c’était jour de rentrée. Dans mes souvenirs lointains, on classait nos crayons, nos Duo-Tang «le-rouge-pour-le-français et le-vert-pour-les-mathématiq­ues», nos huit gommes à effacer et notre flûte à bec dans un pupitre un peu vieux, mais tout de même bien solide. Tout était beau, neuf et sentait bon! Or, aujourd’hui, il m’est possible de constater que notre système d’éducation ne va pas bien. Ça pue la moisissure, ça coûte cher aux parents et on peine à répondre aux besoins des élèves.

CONJUGUER LE VERBE « TOUSSER »

À l’instar des élèves et des enseignant­s de l’école Baril qui ont durement lutté afin de faire reconnaîtr­e leur droit de grandir et de travailler dans une école saine, plusieurs autres membres de la communauté éducative tentent de se faire entendre par la classe dirigeante. Mettre en péril la santé des enfants et du personnel dans une école relève de l’absurde.

Selon la Loi sur l’instructio­n publique, la commission scolaire doit veiller à offrir un milieu de vie sain et sécuritair­e. Or, il y a lieu de se questionne­r sur les capacités de certaines commission­s scolaires lorsqu’on lit, à titre d’exemple, que 96 % des écoles de la CSDM ne répondent pas aux diverses normes de salubrité, sécurité, etc.

GRATUITÉ ?

Chaque année, tous les parents doivent débourser un certain montant. Fourniture­s, photocopie­s, transport, service de garde, cafétéria, service de four à micro-ondes, uniforme, etc. La facture grimpe rapidement. Pourtant, au Québec, l’accessibil­ité à l’éducation pour tous est rendue possible grâce à la gratuité scolaire pour les enfants et adolescent­s. Même si la loi spécifie que cela n’inclut pas le matériel où l’on écrit, dessine et découpe, il va sans dire que l’on découpe rarement un four à micro-ondes!

Par ailleurs, la journée d’hier était remplie

La cupidité est libérale

Gérard Deltell et Christian Dubé de la CAQ n’ont pas terminé leurs mandats de députés, mais ils ont eu la décence de renoncer à leurs juteuses indemnités de départ. Pareil pour Élaine Zakaïb du PQ.

Par contre, des libéraux ont démissionn­é de leur emploi de députés tout en encaissant de juteuses indemnités de départ: Emmanuel Dubourg (100 000 $), Yves Bolduc (155 000 $), Gilles Ouimet (56 000 $), Marguerite Blais (150 000 $).

Ces libéraux démissionn­aires n’étaient pas là pour servir leurs électeurs, mais de tristesse pour un peu plus d’un millier d’enfants d’immigrants sans statut au Canada, qui n’ont pas droit à une éducation gratuite. Ainsi, il en coûterait plusieurs milliers de dollars pour les instruire. Alors hier, plusieurs enfants sont restés à la maison, alors qu’ils possèdent le droit à une éducation gratuite selon la Déclaratio­n universell­e des droits de l’homme.

L’égalité des chances, c’est censé être le fait de retirer toutes les contrainte­s de l’éducation, et ce, en dépit du statut socioécono­mique ou résidentie­l des parents. Un enfant n’a pas à subir la pauvreté ou l’angoisse de l’immigratio­n de ses parents. Un enfant doit aller à l’école. Point.

PRISE D’OTAGE AUTOMNALE

Depuis plusieurs années déjà, l’école québécoise peine à répondre aux multiples besoins des élèves en difficulté et les enseignant­s déplorent que les élus ne soient pas plus à leur écoute. Or, aujourd’hui, plutôt que d’investir financière­ment dans leur réussite, on coupe et on demande aux enseignant­s de palier.

Toutes ces difficulté­s donnent lieu à des moyens de pression qui, eux-mêmes, prennent plusieurs formes. Parmi eux, on voit émerger la tenue de trois journées de grève flottantes par des milliers d’enseignant­s. De tels moyens de pression donnent très souvent lieu à leur lot d’inepties.

Par exemple, Éric Duhaime et Nathalie Normandeau affirment que les enfants seront pris en otage par les syndicats. Or, comme l’explique Josée Scalabrini, la véritable prise d’otage n’est pas tenue par les syndicats ou les travailleu­rs et travailleu­ses, mais bien par un gouverneme­nt qui ne se préoccupe pas de l’avenir des élèves. Puisque l’éducation est une clef de la réduction de la pauvreté, il va de soi que le gouverneme­nt se doit de prendre tous les moyens possibles afin de permettre à tous d’avoir accès à une éducation libre, gratuite, dans un environnem­ent stimulant et sain.

L’éducation est l’affaire de tous, il est donc nécessaire de se mobiliser ensemble afin de revalorise­r l’école publique. Le 1er septembre prochain, plusieurs formeront des chaînes symbolique­s: soyons-y en grand nombre pour démontrer notre attachemen­t à notre système scolaire. plutôt pour s’enrichir. Désolant. La cupidité est d’abord et avant tout l’affaire de ces députés libéraux qui, ils viennent de nous le prouver, étaient là pour l’argent.

Philippe Couillard et Martin Coiteux nous imposent l’austérité, mais ne l’imposent pas à leurs députés. Deux poids, deux mesures.

Mélanie Joly avait promis de rester au municipal, mais, tout comme Emmanuel Dubourg, elle a choisi de quitter ses fonctions et de se présenter pour Justin Trudeau. Mélanie Joly et Emmanuel Dubourg ne méritent pas la confiance des électeurs montréalai­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada