IL FONCE DANS UN CAMION DE CRÈME GLACÉE, PAR PRINCIPE

Mathieu Vigneault, 52 ans, est entrée intentionnellement en collision avec le camion de crème glacée de René Desrochers.

C’est mardi après-midi, vers 15 h 45, que la voiture de Mathieu Vigneault est entrée intentionnellement en collision avec le camion de crème glacée de René Desrochers, sur la rue des Carrières, à l’angle de la rue de la Roche. L’accident n’a heureusement fait aucun blessé, bien que l’ego de M. Desrochers n’en soit pas sorti indemne. Selon M. Vigneault, c’est une leçon de conduite que l’homme n’oubliera jamais. « Je circulais sur la rue des Carrières quand j’ai aperçu le camion de crème glacée, qui arrivait de la rue de la Roche. Il avançait lentement, mais ne semblait pas vouloir s’immobiliser à l’arrêt. Quand mon regard a croisé celui du conducteur, j’ai su qu’il m’avait vu et je me suis dit qu’il s’arrêterait, puisque j’avais la priorité », raconte un M. Vigneault encore furieux.

JUSTICIER DE LA ROUTE

Or, M. Desrochers a tout bonnement continué son chemin, ignorant l’évidence : il n’avait pas le temps de se faufiler avant que la voiture de M. Vigneault ne le percute. « Je me disais : il va s’arrêter, il m’a vu… » Ce que l’impénitent chauffard n’a pas fait. « Quand je me suis rendu compte qu’il continuait, j’ai levé le pied de l’accélérateur et j’ai freiné un peu, mais j’ai voulu lui donner une leçon. Alors, j’ai foncé dans le camion, avoue l’homme, qui se compare à un justicier de la route. Si la police préfère donner des contraventions à ceux qui font des demi-tours plutôt que de s’attarder au réel danger — les gens qui se comportent comme des endormis au volant —, c’est leur problème. Selon moi, on ne peut pas conduire en pensant qu’on est seul sur la route et s’imaginer que les autres s’adapteront à notre conduite. C’est une question de principe et de justice. M. Desrochers se défend en affirmant que le chauffeur de la Volvo bleue avait le temps de freiner, et que, du coup, la responsabilité lui revient. Ce sera donc aux compagnies d’assurances de trancher. « Qui est assez méchant pour foncer dans un camion de crème glacée? Ma principale tâche en ce monde, c’est de donner du bonheur aux enfants. Je pense bien que j’ai gagné un peu de latitude et de clémence. Quand il a vu que je m’engageais, il avait le temps de freiner. » M. Desrochers songe même à poursuivre M. Vigneault en justice, parce que le carillon qui fait résonner la jolie musique du marchand de glace a été endommagé dans l’accident. « Il s’agit d’une pièce de collection qui appartenait à mon grand-père maternel, premier marchand de glace de la ville de Thetford Mines, s’enorgueillit M. Desrochers, l’oeil humide. Je ne sais même pas si on pourra le réparer. » Cette anecdote ne semblait pas émouvoir M. Vigneault à outranc e:«Qua nd on se promène avec une pièce de collection qui appartient à notre héritage familial, on regarde où l’on va. Ça lui apprendra », réitère le justicier conducteur.

« Il avait le temps de freiner. »