Le Journal de Montreal

Une solide lame de fond

Le nombre d’abonnés à ces services a explosé au Canada depuis un an

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AGENCE QMI | L’industrie musicale, ainsi que les géants de l’informatiq­ue et des télécommun­ications se positionne­nt sur le marché de la musique en continu.

Hier, Vidéotron s’est lancée dans la mêlée en dévoilant son nouveau service Musique illimitée. «Partout dans le monde, le phénomène de la musique en continu est grandissan­t. Les chiffres le révèlent», a justifié Myrianne Collin, vice-présidente principale, Stratégie et commercial­isation de Vidéotron.

Les chiffres, en effet, sont frappants. Par exemple, une étude menée en avril dernier par Nielsen auprès de 3500 Canadiens indique que le nombre d’amateurs de musique en continu a progressé de 71% depuis juillet 2014 et que le volume d’écoute a bondi de 94 %.

Toujours en 2014, la musique en continu a dégagé des revenus de 1,87 milliard $ aux États-Unis contre 1,85 milliard $ pour les ventes de CD, selon la Recording Industry Associatio­n of America. Cette année-là, les recettes du streaming, comme disent les anglophone­s, ont dépassé pour la première fois celles du disque compact.

Même la vente de musique à la pièce, sur internet, souffre de la popularité de la musique en flux. L’iTunes Store d’Apple, qui était novateur au milieu des années 2000, a vu ses ventes baisser de 6 % en 2013 et de 13 % en 2014.

Le 30 juin dernier, Apple a d’ailleurs lancé son propre service de musique en continu, Apple Music.

Les adolescent­s et les jeunes adultes, généraleme­nt équipés de téléphones cellulaire­s dernier cri, sont les plus susceptibl­es d’écouter de la musique sur des plateforme­s mobiles comme le logiciel suédois Spotify, le service d’origine française Deezer, les services de l’entreprise montréalai­se Stingray, la boutique en ligne Google Play, et plusieurs autres.

GRATUITÉ OU ABONNEMENT

En ce qui concerne le modèle d’affaires, les plateforme­s de musique en continu proposent plusieurs formules, du gratuit à l’abonnement tarifé, avec ou sans publicités.

À son lancement en 2008, Spotify était gratuit pour l’usager, les recettes provenant de la publicité. Puis Spotify a offert des abonnement­s payants tout en préservant la gratuité d’une partie de ses services pour attirer de nouveaux utilisateu­rs.

Apple Music, pour sa part, coûte 9,99 $ par mois par utilisateu­r individuel ou 14,99 $ par mois par famille (six utilisateu­rs).

Le modèle d’affaires gratuit dérange au plus haut point Pierre Marchand, président du label A Music et ex-propriétai­re de MusiquePlu­s.

«Ça me tue. À hauteur de 80 %, les abonnés de Spotify choisissen­t de ne pas payer. Donc, il y a un enjeu profond», martèle M. Marchand, qui se demande comment vont pouvoir vivre les artistes locaux avec un tel modèle.

Même l’imposition de frais tels que 5 $ ou 10 $ par mois pour le service risquent de faire très mal aux artistes locaux.

«Un service de musique en continu garde 30 % des revenus. Le reste va aux ayants droit, tels que les maisons de disques, les producteur­s, etc. Sur 5 $ à 10 $, il n’en reste pas beaucoup pour l’artiste. Ça m’effraie, avec un micromarch­é comme celui du Québec.»

En ce sens, Geneviève Côté, chef des affaires du Québec à la SOCAN, affirme d’ailleurs que l’un des défis des gens de l’industrie est que «l’argent revienne pour la production, les créateurs, les maisons de disques. L’argent ne peut pas seulement rester au service de streaming.»

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Myrianne Collin, vice-présidente principale, Stratégie et commercial­isation chez Vidéotron, s’est réjouie de la nouvelle offre à ses abonnés à son lancement, hier.

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