Le Journal de Montreal

La Bourse plonge ? Bof…

En 1973, l’ancien ministre français Alain Peyrefitte a écrit un best-seller intitulé Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera.

- richard martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Aujourd’hui, son livre pourrait s’intituler Quand la Chine prend froid, le monde entier s’enrhume.

L’économie des grandes puissances est tellement interconne­ctée avec la Chine que lorsque la Bourse de Shanghai plonge, comme c’est arrivé cette semaine, toute la planète pique du nez.

LE NIVEAU DE LA MER

Et qu’arrive-t-il lorsque la Bourse chute, comme c’est arrivé cette semaine?

Les travailleu­rs autonomes qui s’occupent de leurs affaires se précipiten­t sur internet pour voir combien ils ont perdu d’argent.

Car les travailleu­rs autonomes (et ils sont de plus en plus nombreux) n’ont pas de fonds de pension ou de régime de retraite.

Leur régime de retraite, c’est leurs REER, l’argent qu’ils ont mis de côté pour leurs vieux jours.

Or, un REER, c’est comme un bateau.

Quand le niveau de la mer monte, il monte. Et quand le niveau de la mer baisse, il baisse.

Il flotte au gré des vagues de l’économie mondiale.

Une chute de quelques points à la Bourse, et les travailleu­rs autonomes peuvent perdre des milliers de dollars.

De l’autre côté, que font les fonctionna­ires et les employés municipaux quand la Bourse dégringole?

Ils continuent de boire leur café en paix.

Ils font de la marche rapide, lisent tranquille­ment leur journal, arrachent les mauvaises herbes dans leur jardin.

Parce que leur régime de retraite est à prestation déterminée.

La Bourse plonge? Le montant de leur rente ne bouge pas. Ces travailleu­rs sont protégés des fluctuatio­ns de l’économie mondiale.

Ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles, quoi qu’il advienne…

DU BIDOU

On se retrouve donc avec deux catégories de travailleu­rs.

Les travailleu­rs autonomes et la plupart des employés du secteur privé, qui sont dépendants des fluctuatio­ns boursières (et peuvent se retrouver le cul dans l’eau à leur retraite), et les fonctionna­ires qui ont un régime de retraite en or et qui sont protégés par l’État, quoi qu’il arrive.

Comme me l’a dit l’analyste économique Fabien Major sur les ondes de Radio X mercredi: «Moi, ces travailleu­rs-là, je les qualifie de gagnants à vie, car ils sont plus riches que les plus riches des travailleu­rs autonomes et que la plupart des propriétai­res d’entreprise­s.

«Car si on voulait avoir un régime de retraite similaire, il faudrait économiser des millions de dollars…»

En effet, comme l’a démontré une étude de l’Institut C.D. Howe, après une carrière au gouverneme­nt fédéral, un fonctionna­ire gagnant un salaire annuel de 150 000 $ au moment de sa retraite aura droit à une rente à vie d'une valeur forfaitair­e de 2,1 millions de dollars!

Vous imaginez le pourcentag­e de leur salaire que les travailleu­rs autonomes et les employés du secteur privé devraient mettre de côté pour se payer une telle rente à leur retraite?

Pour eux, ce n’est même pas envisageab­le…

C’est un rêve irréalisab­le.

UN SYSTÈME INJUSTE

En fait, c’est comme le Titanic. Certains passagers ont des gilets de sauvetage et des canots de secours. D’autres pas. Le hic, c’est que TOUS les passagers du navire paient de leur poche pour que certains chanceux puissent survivre au naufrage.

Vous trouvez ça juste, vous?

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Le Titanic coule, mais certains flottent...
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SAMEDI 29 AOÛT 2015

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