Des cancres en enseignement
Le ministre de l’Éducation accuse les universités d’accepter des étudiants trop faibles dans les facultés
SAINT-GEORGES-DE-BEAUCE | Les universités acceptent des étudiants «trop faibles» dans les programmes d’enseignement, estime le ministre François Blais, qui veut hausser les exigences.
l∫ «Il faut vraiment valoriser cette profession. Il y a différentes façons de valoriser, mais c’est notamment en allant chercher les meilleurs candidats. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas», a soutenu hier le ministre de l’Éducation, en marge du caucus des députés libéraux à Saint-Georges-de-Beauce.
Doués en mathématiques et en sciences, les Québécois sont beaucoup moins performants en littératie, c’est-à-dire en lecture et en écriture. Une situation qui inquiète grandement François Blais. «Sur le français au Québec, on ne peut pas faire de concession», a-t-il insisté.
ENSEIGNANTS ET MODÈLES
«Aujourd’hui, je le dis avec le plus grand respect pour les personnes, on prend des étudiants qui sont trop faibles dans une discipline pourtant fondamentale, parce que les professeurs, les enseignants, devraient être des modèles sur le plan intellectuel, sur le plan moral aussi.»
Il a l’appui de son chef Philippe Couillard dans ce dossier. «M. Blais a émis des doutes et je pense que ses doutes sont légitimes», a soutenu le premier ministre.
Le ministre Blais évalue les meilleurs moyens d’aller chercher les meilleurs candidats pour enseigner aux jeunes Québécois. Contingenter les programmes et refouler pour un temps les aspirants professeurs trop faibles sont des pistes de solution.
ÉPREUVE UNIFORME AU CÉGEP
De la même façon, il n’est pas question pour le gouvernement de laisser tomber l’épreuve uniforme de français au cégep.
La Fédération des cégeps remet en question la pertinence de cet examen.
Depuis 1996, tous doivent réussir cet examen pour décrocher leur diplôme. Chaque année, environ 15 % des étudiants échouent.
Toutefois, le ministre Blais ne semble pas être du même avis: «On ne peut pas baisser les bras. La langue, c’est la pensée. Je vais écouter leur argumentaire, mais sur l’essentiel, on a encore beaucoup de difficulté en littératie au Québec.»
De son côté, l’Association québécoise des professeurs de français a tenu à dénoncer haut et fort hier la position de la Fédération des cégeps sur l’épreuve.
«C’est épouvantable! lance sa présidente Tania Longpré. Je n’en reviens pas qu’on puisse demander que les nouveaux arrivants soient exemptés de l’examen alors que l’objectif est de bien les préparer au marché du travail. Ce n’est surtout pas en nivelant par le bas qu’on va les aider.» – Avec la collaboration de
Daphnée Dion-Viens
«ON PREND DES ÉTUDIANTS QUI SONT TROP FAIBLES DANS UNE DISCIPLINE POURTANT FONDAMENTALE, PARCE QUE LES PROFESSEURS, LES ENSEIGNANTS, DEVRAIENT ÊTRE DES MODÈLES SUR LE PLAN INTELLECTUEL, SUR LE PLAN MORAL AUSSI. »
–François Blais