Il ne s’explique pas avoir été disqualifié
Le Groupe Techna reproche à Québec de ne pas lui dire pourquoi il n’a pas eu le contrat des radars photo
Le gouvernement doit révéler à l'entreprise Groupe Techna les raisons pour lesquelles elle a perdu le contrat des radars photo, remporté par CGI avec un prix presque deux fois supérieur.
C'est ce qui ressort des échanges avec plusieurs experts dans le domaine. Le Groupe Techna soutient qu’il ne comprend toujours pas pourquoi il a été disqualifié.
Lors de l’octroi du fameux contrat de radars photo de 29,9 M$, Québec a jugé que seul CGI – qui n’a rien à se reprocher dans l’affaire – était capable de faire le travail. Disqualifié, le Groupe Techna avait proposé un prix presque deux fois inférieur.
«Nous n’avons pas été disqualifiés pour un seul appel d’offres depuis cinq ans, à l’exception, notable, de celui [des radars photo]», souligne le PDG Michel Guay.
Le gouvernement a rencontré M. Guay la semaine dernière pour lui expliquer les motifs de sa disqualification.
Après cette rencontre, Michel Guay a dit ne pas plus comprendre précisément ce qu’il avait fait d’incorrect. On lui aurait dit que sa soumission était faible sur le plan de la «qualité de la présentation». Ce qui, à son sens, est «très arbitraire» et «vague».
Il nous a aussi rapporté que le gouvernement avait refusé qu’il enregistre les discussions et n’avait pas voulu lui fournir des explications écrites après la rencontre.
«Je ne soumissionnerais pas à nouveau [pour des radars photo], je ne saurais même pas quoi faire pour m’améliorer», a-t-il lancé.
Québec n’aurait pas voulu lui donner les détails concernant sa disqualification puisqu’il s’agirait d’informations confidentielles, selon le protocole interne, a expliqué M. Guay, étonné.
Le Bureau d’enquête a demandé au gouvernement quel protocole légal justifiait ce refus. Il a été impossible d’obtenir une réponse.
Or, les entreprises qui veulent savoir pourquoi elles ont été disqualifiées sont, de façon générale, en mesure de le savoir avec précision, assure Nicole Martel, directrice générale de l’Association québécoise des technologies, qui regroupe 500 firmes informatiques du Québec.
«Ça n’a jamais été un problème», ditelle, sans vouloir commenter le cas précis du Groupe Techna.
L’entreprise Info-Opportunité, spécialisée dans l’analyse d’appels d’offres publics, abonde dans le même sens. «Généralement, le soumissionnaire aura accès à son évaluation […] C’est la pratique courante», explique le vice-président Serge Fleury.
« PAS NORMAL » DIT LE MINISTRE
Appelé à réagir, le ministre Martin Coiteux a souligné qu’il «n’était pas normal» que l’entreprise ne sache pas pourquoi elle a été disqualifiée.
Il a demandé à son équipe de «bonifier et mieux normer» le processus pour expliquer aux entreprises les raisons pour lesquelles elles ont été jugées non conformes.
Mais concernant le contrat des radars photo, M. Coiteux a martelé qu’il a fait une vérification et que les règles ont été suivies. Malgré cela, le Groupe Techna dit toujours ignorer pourquoi il n’a pas obtenu le contrat.