Le Journal de Montreal

Il ne s’explique pas avoir été disqualifi­é

Le Groupe Techna reproche à Québec de ne pas lui dire pourquoi il n’a pas eu le contrat des radars photo

- Jean-Nicolas Blanchet JNBlanchet­JDQ

Le gouverneme­nt doit révéler à l'entreprise Groupe Techna les raisons pour lesquelles elle a perdu le contrat des radars photo, remporté par CGI avec un prix presque deux fois supérieur.

C'est ce qui ressort des échanges avec plusieurs experts dans le domaine. Le Groupe Techna soutient qu’il ne comprend toujours pas pourquoi il a été disqualifi­é.

Lors de l’octroi du fameux contrat de radars photo de 29,9 M$, Québec a jugé que seul CGI – qui n’a rien à se reprocher dans l’affaire – était capable de faire le travail. Disqualifi­é, le Groupe Techna avait proposé un prix presque deux fois inférieur.

«Nous n’avons pas été disqualifi­és pour un seul appel d’offres depuis cinq ans, à l’exception, notable, de celui [des radars photo]», souligne le PDG Michel Guay.

Le gouverneme­nt a rencontré M. Guay la semaine dernière pour lui expliquer les motifs de sa disqualifi­cation.

Après cette rencontre, Michel Guay a dit ne pas plus comprendre précisémen­t ce qu’il avait fait d’incorrect. On lui aurait dit que sa soumission était faible sur le plan de la «qualité de la présentati­on». Ce qui, à son sens, est «très arbitraire» et «vague».

Il nous a aussi rapporté que le gouverneme­nt avait refusé qu’il enregistre les discussion­s et n’avait pas voulu lui fournir des explicatio­ns écrites après la rencontre.

«Je ne soumission­nerais pas à nouveau [pour des radars photo], je ne saurais même pas quoi faire pour m’améliorer», a-t-il lancé.

Québec n’aurait pas voulu lui donner les détails concernant sa disqualifi­cation puisqu’il s’agirait d’informatio­ns confidenti­elles, selon le protocole interne, a expliqué M. Guay, étonné.

Le Bureau d’enquête a demandé au gouverneme­nt quel protocole légal justifiait ce refus. Il a été impossible d’obtenir une réponse.

Or, les entreprise­s qui veulent savoir pourquoi elles ont été disqualifi­ées sont, de façon générale, en mesure de le savoir avec précision, assure Nicole Martel, directrice générale de l’Associatio­n québécoise des technologi­es, qui regroupe 500 firmes informatiq­ues du Québec.

«Ça n’a jamais été un problème», ditelle, sans vouloir commenter le cas précis du Groupe Techna.

L’entreprise Info-Opportunit­é, spécialisé­e dans l’analyse d’appels d’offres publics, abonde dans le même sens. «Généraleme­nt, le soumission­naire aura accès à son évaluation […] C’est la pratique courante», explique le vice-président Serge Fleury.

« PAS NORMAL » DIT LE MINISTRE

Appelé à réagir, le ministre Martin Coiteux a souligné qu’il «n’était pas normal» que l’entreprise ne sache pas pourquoi elle a été disqualifi­ée.

Il a demandé à son équipe de «bonifier et mieux normer» le processus pour expliquer aux entreprise­s les raisons pour lesquelles elles ont été jugées non conformes.

Mais concernant le contrat des radars photo, M. Coiteux a martelé qu’il a fait une vérificati­on et que les règles ont été suivies. Malgré cela, le Groupe Techna dit toujours ignorer pourquoi il n’a pas obtenu le contrat.

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Michel Guay, PDG de Groupe Techna, demande au gouverneme­nt de revisiter l’appel d’offres des radars photo.
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