Le Journal de Montreal

LES TIQUES S’IMPLANTENT EN SOL QUÉBÉCOIS

- Anne Caroline Desplanque­s ACDesplanq­uesJDM anne-caroline.desplanque­s@quebecorme­dia.com 514.599.5888 8024

Loin d’être concentrée­s uniquement dans le sud de la province, les tiques porteuses de la maladie de Lyme ont colonisé toutes les régions du Québec, préviennen­t les médecins vétérinair­es, et ne menacent pas que nos animaux de compagnie.

« Il ne faut pas avoir des oeillères. Il faut être alerte et faire attention dans toutes les régions », prévient le Dr Michel Chénier, directeur scientifiq­ue de l’Associatio­n des médecins vétérinair­es du Québec.

Propriétai­re d’une clinique à Sainte-Adèle, dans les Laurentide­s, le Dr Chénier a déjà collecté des tiques porteuses du mal aussi loin qu’à La Conception, au nord de Mont-Tremblant. « On a des chevreuils et la tique à pattes noires qui transmet la maladie de Lyme, c’est la tique du chevreuil, donc il n’y a pas de doute qu’on a des cas », dit-il.

MONTRÉAL COLONISÉE

Même Montréal n’est pas à l’abri. « On a des chiens positifs à la maladie de Lyme qui ne sortent jamais de l’île », indique de Dr Yves Cloutier, propriétai­re de deux cliniques vétérinair­es dans le sud-ouest de la métropole.

« D’après les plus récentes données scientifiq­ues, une tique sur dix au Québec serait porteuse de la Borrelia burgdorfer­i (la bactérie responsabl­e de la maladie de Lyme)», indique le Dr Chénier.

Et ce n’est qu’un début : « Plus de 80 % de la population de l’Est et du Centre du Canada pourrait résider dans des zones à risque d’ici 2020 », selon La stratégie nationale relative à la maladie de Lyme.

MALADIE CHRONIQUE INVALIDANT­E

En suçant le sang de sa proie, la tique infectée transmet les bactéries Borrellia

burgdorfer­i par sa salive. Celles-ci se répandent à une vitesse fulgurante dans le corps des victimes par les voies lymphatiqu­e et sanguine et se camouflent dans le système immunitair­e. Très difficiles à détecter, les bactéries colonisent rapidement les systèmes nerveux, pulmonaire, les articulati­ons, les muscles, le coeur et même le cerveau.

Si le diagnostic est posé rapidement, des antibiotiq­ues peuvent traiter le mal. « Cependant, une infection non traitée ou traitée de façon inadéquate peut évoluer vers une maladie tardive. Dans certains cas, elle peut être sévère, chronique et invalidant­e », indique l’Agence de santé publique du Canada.

ESTRIE ET MONTÉRÉGIE TOUCHÉES

Selon les chiffres officiels de la Direction de la santé publique, 50 Québécois ont contracté la maladie de Lyme, depuis le début de l’année. De ce nombre, 26 cas ont été acquis au Québec, principale­ment dans le sud de la province. Ce bilan n’est que provisoire puisque la saison des tiques s’étire en effet jusqu’à fin septembre.

Des 50 cas dénombrés jusqu’à présent cette année, 12 ont été répertorié­s en Estrie uniquement. Le tiers des municipali­tés de la région, dont Sherbrooke, Granby et Magog, sont classées à haut risque.

En 2014, 85 % des 125 cas déclarés de maladie de Lyme avaient été répertorié en Montérégie d’après la cartograph­ie du ministère de la Santé. La municipali­té de Farnham était particuliè­rement touchée avec plus de 20 % des tiques testées porteuses de la bactérie.

D’un océan à l’autre, Santé Canada a comptabili­sé 522 cas de maladie de Lyme en 2014, contre 132 en 2010.

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