LES TIQUES S’IMPLANTENT EN SOL QUÉBÉCOIS
Loin d’être concentrées uniquement dans le sud de la province, les tiques porteuses de la maladie de Lyme ont colonisé toutes les régions du Québec, préviennent les médecins vétérinaires, et ne menacent pas que nos animaux de compagnie.
« Il ne faut pas avoir des oeillères. Il faut être alerte et faire attention dans toutes les régions », prévient le Dr Michel Chénier, directeur scientifique de l’Association des médecins vétérinaires du Québec.
Propriétaire d’une clinique à Sainte-Adèle, dans les Laurentides, le Dr Chénier a déjà collecté des tiques porteuses du mal aussi loin qu’à La Conception, au nord de Mont-Tremblant. « On a des chevreuils et la tique à pattes noires qui transmet la maladie de Lyme, c’est la tique du chevreuil, donc il n’y a pas de doute qu’on a des cas », dit-il.
MONTRÉAL COLONISÉE
Même Montréal n’est pas à l’abri. « On a des chiens positifs à la maladie de Lyme qui ne sortent jamais de l’île », indique de Dr Yves Cloutier, propriétaire de deux cliniques vétérinaires dans le sud-ouest de la métropole.
« D’après les plus récentes données scientifiques, une tique sur dix au Québec serait porteuse de la Borrelia burgdorferi (la bactérie responsable de la maladie de Lyme)», indique le Dr Chénier.
Et ce n’est qu’un début : « Plus de 80 % de la population de l’Est et du Centre du Canada pourrait résider dans des zones à risque d’ici 2020 », selon La stratégie nationale relative à la maladie de Lyme.
MALADIE CHRONIQUE INVALIDANTE
En suçant le sang de sa proie, la tique infectée transmet les bactéries Borrellia
burgdorferi par sa salive. Celles-ci se répandent à une vitesse fulgurante dans le corps des victimes par les voies lymphatique et sanguine et se camouflent dans le système immunitaire. Très difficiles à détecter, les bactéries colonisent rapidement les systèmes nerveux, pulmonaire, les articulations, les muscles, le coeur et même le cerveau.
Si le diagnostic est posé rapidement, des antibiotiques peuvent traiter le mal. « Cependant, une infection non traitée ou traitée de façon inadéquate peut évoluer vers une maladie tardive. Dans certains cas, elle peut être sévère, chronique et invalidante », indique l’Agence de santé publique du Canada.
ESTRIE ET MONTÉRÉGIE TOUCHÉES
Selon les chiffres officiels de la Direction de la santé publique, 50 Québécois ont contracté la maladie de Lyme, depuis le début de l’année. De ce nombre, 26 cas ont été acquis au Québec, principalement dans le sud de la province. Ce bilan n’est que provisoire puisque la saison des tiques s’étire en effet jusqu’à fin septembre.
Des 50 cas dénombrés jusqu’à présent cette année, 12 ont été répertoriés en Estrie uniquement. Le tiers des municipalités de la région, dont Sherbrooke, Granby et Magog, sont classées à haut risque.
En 2014, 85 % des 125 cas déclarés de maladie de Lyme avaient été répertorié en Montérégie d’après la cartographie du ministère de la Santé. La municipalité de Farnham était particulièrement touchée avec plus de 20 % des tiques testées porteuses de la bactérie.
D’un océan à l’autre, Santé Canada a comptabilisé 522 cas de maladie de Lyme en 2014, contre 132 en 2010.