Le Journal de Montreal

On peut se moquer des religions, dit Couillard

- Geneviève Lajoie

SAINT-GEORGES-DE-BEAUCE | N’en déplaise au Conseil musulman de Montréal, le premier ministre Philippe Couillard n’a pas l’intention de restreindr­e le droit des gens à ridiculise­r les religions.

«Bien sûr qu’on peut se moquer (des religions)», a-t-il lancé hier, à l’entrée du caucus des députés libéraux, qui se tient à Saint-Georges-de-Beauce.

La semaine dernière en commission parlementa­ire, l’imam Salam Elmenyawi a demandé au gouverneme­nt d’élargir la portée du projet de loi 59, qui vise à interdire les discours haineux contre des groupes de personnes.

«Quand on tourne en dérision une religion, vous vous moquez de moi, vous vous moquez de ma femme, vous vous moquez du prophète, a plaidé le président du Conseil musulman de Montréal. Si votre intention est de protéger des personnes, il faut comprendre que pour un musulman, quand on attaque sa religion, c’est la personne elle-même qui est attaquée.»

Pour le premier ministre Couillard, la liberté de religion comprend le droit de rire des religions et de «dire des niaiseries».

AMENDEMENT­S

En commission parlementa­ire, plusieurs groupes ont mis en garde la ministre Stéphanie Vallée contre les risques de limiter la liberté d’expression.

C’est le cas notamment de l’avocat Julius Grey, qui juge le projet de loi inutile et néfaste. La définition du concept de «discours haineux» semblait également trop floue et poser problème.

M. Couillard a entendu le message. Le premier ministre a annoncé hier que son gouverneme­nt avait l’intention de modifier le projet de loi 59. Seuls les appels «directs» à la violence seront passibles d’amendes pécuniaire­s.

«À partir de quand ça devient inacceptab­le pour notre société? C’est à partir du moment ou on appelle directemen­t à la violence envers certaines personnes.»

Des mesures sur les discours haineux existent déjà dans le Code criminel, a-t-il reconnu.

«Nous, ce qu’on veut ajouter, ce sont des dispositio­ns au Code civil et la démarcatio­n qu’on veut faire, c’est le recours à la violence», a-t-il précisé.

« Si votre intention est de protéger des personnes, il faut comprendre que pour un musulman, quand on attaque Sa religion, c'est la personne ellemême qui est attaquée » – Salam Elmenyawi, Conseil musulman

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