Relève en vue
À Québec, comme dans les officines fédérales à Ottawa, les appareils politiques et bureaucratiques accélèrent les préparatifs en vue d’un changement de gouvernement.
Les sondages donnant une forte avance au NPD de Thomas Mulcair commandent une telle planification de longue main.
Les conservateurs sont au pouvoir à Ottawa depuis 2006. Leur programme et leurs priorités sont bien connus. Les interlocuteurs fédéraux sont souvent les mêmes depuis plusieurs années.
La perspective de l’installation au pouvoir d’un premier gouvernement fédéral formé par le NPD dans l’histoire du Canada engendre beaucoup d’incertitudes au Québec. Les gouvernements libéraux de Jean Charest et de Philippe Couillard avaient des affinités avec les conservateurs. Cela est encore plus vrai depuis le retour au pouvoir des libéraux à Québec avec Philippe Couillard prônant une politique d’austérité dans les dépenses et d’allègement des structures de l’appareil étatique.
INCERTITUDES
Les libéraux québécois ont par contre eu peu de relations avec les néo-démocrates fédéraux ces dernières années.
Thomas Mulcair a conservé des amis personnels au PLQ, mais son bruyant départ du gouvernement Charest et certains propos amers ont installé une froide méfiance à son endroit. Sa personnalité abrasive crée des appréhensions.
Il n’y a pas de véritables craintes face à un éventuel gouvernement néodémocrate quant à la péréquation ou aux transferts pour la santé.
Tous les grands partis fédéraux sont aussi en faveur de programmes d’infrastructures pour soutenir l’économie.
L’incertitude porte plutôt sur les politiques fiscales d’un gouvernement néodémocrate et ses relations avec les provinces. Les néo-démocrates sont réputés pour avoir une conception très centralisatrice du fédéralisme canadien. On s’interroge sur la façon dont celle-ci se traduira dans les relations fédérales-provinciales.
Des membres du personnel politique et des hauts fonctionnaires sont aussi aux informations sur le contenu du programme du NPD et les personnes qui pourraient être appelées à occuper les postes clés dans un possible gouvernement Mulcair. Les cônes orange ont subitement droit à plus de considération.
LA LISTE D’ÉPICERIE
La liste d’épicerie de Philippe Couillard en vue de l’élection d’octobre est succincte.
Si des négociations constitutionnelles devaient avoir lieu, il réclamerait la reconnaissance dans la constitution de la spécificité du Québec.
M. Couillard demande que les transferts pour la santé soient calculés en fonction de la démographie, afin de tenir compte de la pression exercée par le vieillissement de la population.
Le premier ministre du Québec veut également une bonification du programme de la péréquation; plus d’investissements dans les infrastructures et plus d’efforts dans la lutte aux effets des changements climatiques. La liste de M. Couillard est minimaliste.
Son prédécesseur libéral, Jean Charest, s’est montré beaucoup plus exigeant envers le gouvernement fédéral.
Il a entre autres mené des combats sur le déséquilibre fiscal, la place du Québec sur la scène internationale, l’encadrement du pouvoir fédéral de dépenser et divers dossiers sectoriels, dont le pont Champlain.
Thomas Mulcair ne pourra jamais reprocher à Philippe Couillard d’avoir placé la barre trop haut!
L’incertitude porte plutôt sur les politiques fiscales d’un gouvernement néo-démocrate et ses relations avec les provinces