Le Journal de Montreal

La CAQ est-elle encore pertinente ?

- JONATHAN TRUDEAU Ex-attaché de presse et ancien conseiller du premier ministre Charest L @JETrudeau

Dans une précédente chronique, celle suivant le déclenchem­ent de l’élection partielle dans le comté de Chauveau en mai dernier, je m’étais questionné sur le comporteme­nt de François Legault.

Je disais alors que le chef caquiste semblait pris de panique et que son attitude forçait le questionne­ment à savoir si une défaite dans ce comté névralgiqu­e pouvait signifier le début de la fin pour la CAQ.

À la lumière des événements des derniers jours, un autre questionne­ment, plus brutal, s’impose: est-ce que la présence de la CAQ est toujours pertinente?

Mon petit doigt me dit que François Legault lui-même doit se poser la question. Du moins je l’espère, car si ce n’est pas le cas, je n’arrive pas à m’expliquer comment une personne intelligen­te avec une aussi longue feuille de route en politique peut être à l’origine d’un dérapage navrant comme le triste spectacle auquel nous avons été soumis cette semaine. La politique est souvent sale. Très sale. Mais la sinistre stratégie à laquelle monsieur Legault s’est abaissé dépasse l’entendemen­t.

La CAQ paraît désespérée. Au bord de l’agonie même. Il s’agit d’un parti qui cherche sa raison d’être. Elle tente de garder la tête hors de l’eau, elle cherche son air, mais n’y arrive tout simplement pas.

FUSION RATÉE

Plusieurs diront que les problèmes débutèrent pour la CAQ lors de la fusion avec la défunte ADQ. Mais s’agissait-il vraiment d’une fusion? D’anciens adéquistes me disaient cette semaine qu’avec le recul, il fallait davantage croire que la CAQ avait carrément avalé les adéquistes. On s’est servi de la marque de commerce, mais on a tout simplement assimilé les anciens disciples de Mario Dumont. Exit la droite. On a plutôt fait place à un douteux Jell-O idéologiqu­e sans couleur et sans saveur, dont les ingrédient­s changent selon le goût du jour.

Le parti de monsieur Legault a bien eu quelques bonnes idées. Mais celles-ci sont rapidement repiquées par ses adversaire­s. Qui peut leur en vouloir!

L’arrivée de Pierre-Karl Péladeau à la tête du PQ aura mis en exergue plus que jamais la prédominan­ce du bipartisme au Québec. À preuve, libéraux et péquistes reconnaiss­ent d’emblée que l’enjeu de l’élection générale de 2018 sera la souveraine­té du Québec. Bien que déprimante, il s’agit tout de même de la réalité qui prévaut.

La CAQ a beau affirmer représente­r la solution de rechange aux vieux partis qui tiennent les mêmes vieux discours, il n’en demeure pas moins que, dans la population, l’intérêt semble de moins en moins palpable pour une troisième voix forte.

Le parti de monsieur Legault a bien eu quelques bonnes idées. Mais celles-ci sont rapidement repiquées par ses adversaire­s. Qui peut leur en vouloir !

SCRUTIN PROPORTION­NEL

Les caquistes font valoir qu’un mode de scrutin proportion­nel mixte, plutôt que le système majoritair­e uninominal, favorisera­it les tiers partis comme eux, en élisant un Parlement plus représenta­tif de la volonté du peuple. Sans doute. Mais le système actuel encourage l’élection de gouverneme­nts majoritair­es, stables et forts. C’est ce que les Québécois veulent. Malheureus­ement, je ne vois pas le jour ou le changement souhaité par la CAQ pourrait avoir lieu.

J’ai l’impression que la CAQ souffre. Elle est malade. Branchée sur un respirateu­r artificiel. Elle veut se battre, certes, mais parfois le diagnostic est sans appel.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada