La CAQ est-elle encore pertinente ?
Dans une précédente chronique, celle suivant le déclenchement de l’élection partielle dans le comté de Chauveau en mai dernier, je m’étais questionné sur le comportement de François Legault.
Je disais alors que le chef caquiste semblait pris de panique et que son attitude forçait le questionnement à savoir si une défaite dans ce comté névralgique pouvait signifier le début de la fin pour la CAQ.
À la lumière des événements des derniers jours, un autre questionnement, plus brutal, s’impose: est-ce que la présence de la CAQ est toujours pertinente?
Mon petit doigt me dit que François Legault lui-même doit se poser la question. Du moins je l’espère, car si ce n’est pas le cas, je n’arrive pas à m’expliquer comment une personne intelligente avec une aussi longue feuille de route en politique peut être à l’origine d’un dérapage navrant comme le triste spectacle auquel nous avons été soumis cette semaine. La politique est souvent sale. Très sale. Mais la sinistre stratégie à laquelle monsieur Legault s’est abaissé dépasse l’entendement.
La CAQ paraît désespérée. Au bord de l’agonie même. Il s’agit d’un parti qui cherche sa raison d’être. Elle tente de garder la tête hors de l’eau, elle cherche son air, mais n’y arrive tout simplement pas.
FUSION RATÉE
Plusieurs diront que les problèmes débutèrent pour la CAQ lors de la fusion avec la défunte ADQ. Mais s’agissait-il vraiment d’une fusion? D’anciens adéquistes me disaient cette semaine qu’avec le recul, il fallait davantage croire que la CAQ avait carrément avalé les adéquistes. On s’est servi de la marque de commerce, mais on a tout simplement assimilé les anciens disciples de Mario Dumont. Exit la droite. On a plutôt fait place à un douteux Jell-O idéologique sans couleur et sans saveur, dont les ingrédients changent selon le goût du jour.
Le parti de monsieur Legault a bien eu quelques bonnes idées. Mais celles-ci sont rapidement repiquées par ses adversaires. Qui peut leur en vouloir!
L’arrivée de Pierre-Karl Péladeau à la tête du PQ aura mis en exergue plus que jamais la prédominance du bipartisme au Québec. À preuve, libéraux et péquistes reconnaissent d’emblée que l’enjeu de l’élection générale de 2018 sera la souveraineté du Québec. Bien que déprimante, il s’agit tout de même de la réalité qui prévaut.
La CAQ a beau affirmer représenter la solution de rechange aux vieux partis qui tiennent les mêmes vieux discours, il n’en demeure pas moins que, dans la population, l’intérêt semble de moins en moins palpable pour une troisième voix forte.
Le parti de monsieur Legault a bien eu quelques bonnes idées. Mais celles-ci sont rapidement repiquées par ses adversaires. Qui peut leur en vouloir !
SCRUTIN PROPORTIONNEL
Les caquistes font valoir qu’un mode de scrutin proportionnel mixte, plutôt que le système majoritaire uninominal, favoriserait les tiers partis comme eux, en élisant un Parlement plus représentatif de la volonté du peuple. Sans doute. Mais le système actuel encourage l’élection de gouvernements majoritaires, stables et forts. C’est ce que les Québécois veulent. Malheureusement, je ne vois pas le jour ou le changement souhaité par la CAQ pourrait avoir lieu.
J’ai l’impression que la CAQ souffre. Elle est malade. Branchée sur un respirateur artificiel. Elle veut se battre, certes, mais parfois le diagnostic est sans appel.