Le Journal de Montreal

MAXIM MARTIN - La rentrée scolaire des parents

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En général, la rentrée scolaire est difficile pour tout le monde.

Et spécialeme­nt pour ceux qui doivent retourner en classe après avoir profité de l’été au maximum. Mais des fois, je me demande si ce n’est pas pire pour les parents.

Après avoir été le point de repère principal de la vie de nos enfants, le temps de la maternelle marque une première petite rupture qui pince le coeur. Le jeune garçon ou la jeune fille se sent un peu plus autonome dans sa nouvelle indépendan­ce. C’est avec le menton haut dans les airs et plein de fierté qu’ils traversent la rue, laissant derrière la maman qui essaie de cacher sa peine, le menton tremblant.

Du coup, c’est l’enseignant et les amis qui occupent la sphère d’influence. À travers les histoires que nos petits nous racontent, tout excités, on réalise que leur petite vie commence à se développer.

C’est souvent le premier test de lâcher-prise des parents et, malheureus­ement, les prochaines étapes ne seront pas moins douloureus­es.

À la maternelle et pour les premières années du primaire, le parent a encore le privilège d’escorter gamin jusqu’à l’école. Mais ça ne prend pas de temps que les phrases «Je suis capable d’y aller tout seul» et «Non, pas de bec devant mes amis» deviennent courantes. On peut entendre les coeurs de parents se déchirer à des kilomètres.

Puis, dans le temps de le dire, le secondaire arrive.

Du coup, le niveau de stress augmente. Car, à travers eux, on revit tous cette époque de notre vie. Le sentiment de se sentir perdu dans cette grande école et le grand défi d’y trouver notre propre identité remonte en nous. Évidemment, ce qui refait vite surface, ce sont les conneries de notre jeune temps, notre exploratio­n sexuelle et nos premiers rendez-vous avec l’alcool et la drogue.

Les images de ton enfant qui fait face à ces mêmes choix de vie te tracassent et c’est avec une légère inquiétude que tu vois la prunelle de tes yeux s’enfoncer dans cette jungle. De mon côté, et je suis convaincu que ce fut la même chose pour plusieurs

d’entre vous, le plus gros choc fut de voir ma fille partir par ellemême pour aller prendre le métro.

Il n’y a pas si longtemps, on avait encore le luxe d’aller les chercher à la fin de la journée et d’être la première personne à entendre parler de leur journée… Fini ce temps-là. Après les discussion­s avec les amis d’école sur le chemin du retour et, bien sûr, le rattrapage de potins sur Facebook, il reste, pour le parent, un résumé qui ressemble à:

– Et puis, comment c’était à l’école aujourd’hui?

– Correct… Fin de la discussion. Mais j’imagine que le lâcher-prise le plus difficile, celui que je n’ai pas hâte de vivre, c’est celui qui vient souvent avec la période du cégep: le premier appart. On sait que, plus les enfants vieillisse­nt, plus leur présence à la maison devient une légende urbaine. Mais, au moins, ils n’ont pas le choix d’y revenir, même si ce n’est que pour vider le frigidaire. Une fois les clés du nouvel appart en mains, tout change. Pour eux, c’est l’ultime liberté. Tandis que, pour nous, c’est la dernière corde du lâcher-prise qu’il faut larguer.

Voir son enfant grandir est le plus beau film imaginable. Mais la transition entre le moment où on joue un rôle principal dans sa vie et celui où on devient secondaire, ça vient bien sûr avec un peu de peine. On reste toujours aussi important, c’est juste qu’on joue notre rôle différemme­nt.

Mais consolez-vous, chers parents, car vous n’êtes pas seuls, on passe tous par là.

Plus les enfants vieillisse­nt, plus leur présence à la maison devient une légende urbaine

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MAXIM MARTIN
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