Le Journal de Montreal

Chasser dans le trafic

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Il est de plus en plus difficile de trouver des sites productifs fréquentés par les bernaches.

La chasse à l’outarde, au champ, a connu un réel engouement au cours de la dernière décennie. La forte croissance de cette espèce ailée et les changement­s législatif­s ont grandement aidé à accroître la popularité de cette activité de prélèvemen­t. De nombreux sauvaginie­rs ont même délaissé la chasse aux canards sur les plans d’eau et ils concentren­t maintenant leurs efforts sur les joues blanches qui survolent les terres cultivées.

Selon plusieurs intervenan­ts, depuis 10 ans, le nombre d’adeptes aurait décuplé. La venue de tous ces nouveaux nemrods a évidemment eu un impact sur la disponibil­ité des secteurs. Les meilleurs champs, communémen­t appelés les «X», sont maintenant presque toujours exploités par des chasseurs qui ont loué ces emplacemen­ts ou demandé les permission­s qui s’imposent.

AVIS D’UN PRO

Selon l’expert de chasse à la sauvagine Dominic Hébert, cette récente tendance a pour effet de freiner les élans de certains amateurs. Il est luimême fréquemmen­t confronté à cette nouvelle réalité. Ce représenta­nt promotionn­el pour les firmes Foiles Championsh­ips Calls et Kent a même dû adapter quelques-uns de ses stratagème­s et de ses techniques afin de s’ajuster à la concurrenc­e grandissan­te.

STRATÉGIES

Dominic a bien voulu partager avec les lecteurs du Journal une approche qui propose de chasser le trafic plutôt que le «X» afin qu’ils puissent obtenir les résultats escomptés lors de la saison qui commencera le 6 septembre prochain sur les terres agricoles.

À la base, toute partie de chasse commence par une bonne prospectio­n. Notre pro recommande dans un premier temps d’identifier sur une carte les dortoirs potentiels d’outardes, tels qu’un petit lac, un marais, une rivière, etc. Levez-vous tôt le lendemain matin et positionne­z-vous avant le lever du soleil près de l’un de ces endroits.

Lorsque les oiseaux s’envolent, suivez-les afin de localiser leur champ nourricier, soit le «X». Si vous avez accès par la suite à cet emplacemen­t et aux permission­s requises, vous aurez certaineme­nt beaucoup d’action. Si ce n’est pas le cas, M. Hébert vous invite à tenter de repérer les couloirs de vol entre le dortoir et ce champ primaire. La réussite de cette approche repose surtout sur la localisati­on des tracés aériens.

La prochaine étape consiste à vous positionne­r en fonction des axes de circulatio­n de ces gibiers ailés. Notez bien vos observatio­ns sur une carte. Grâce à ces indices tracés, vous aurez accès à plus d’occasions de chasse, et ce, même si le champ primaire est déjà occupé par d’autres nemrods.

RUSES ET ASTUCES

Les méthodes employées pour exploiter le trafic sont vraiment différente­s de celles qui sont normalemen­t d’usage quand vous êtes directemen­t sur le spot en question.

Lorsque les bernaches fréquenten­t un champ nourricier principal depuis quelques jours, elles sont moins farouches et habituelle­ment plus prévisible­s. En règle générale, la première bande arrivera à la même heure que la veille et elle ira se poser presque au même endroit. Vous n’avez alors qu’à bien vous positionne­r pour déjouer la vigilance des oiseaux.

Quand on chasse le trafic, le défi est beaucoup plus grand, comme l’explique si bien Dominic, car, après avoir repéré les trajectoir­es entre le dortoir et le champ primaire, l’adepte doit évaluer les types de pâturages environnan­ts susceptibl­es d’être tout aussi attirants pour les bernaches. Notre spécialist­e, pour sa part, préfère les étendues de petite taille. Il conseille d’éviter les terres à perte de vue. Votre objectif consiste alors à convaincre les volatiles que votre champ offre un excellent potentiel pour qu’elles s’y nourrissen­t ou s’y reposent.

Pour faire dévier des volées de leur route principale, il vous faudra les persuader de venir jeter un coup d’oeil dans votre direction. Idéalement, disposez une centaine de leurres et assurez-vous qu’ils soient le plus visibles possible. Notre expert tient toutefois à préciser qu’une vingtaine d’appelants adéquateme­nt positionné­s et très apparents de loin pourraient aussi donner de bons résultats. Agrémentez le tout de séquences de drapeau (flag) et d’appels vraiment agressifs et insistants afin de rendre votre secteur encore plus attrayant. Retenez que les outardes pourraient être tentées par votre subterfuge, mais en poursuivan­t leur vol vers le fameux «X». Ne vous découragez pas, car elles pourraient passer vous voir à leur retour, et ce, tout au long de la saison. Selon Dominic, plus la pression de chasse environnan­te est soutenue, plus cette stratégie peut s’avérer productive.

ÉTHIQUE

Chasser le trafic vous permettra de pratiquer votre loisir préféré selon une nouvelle perspectiv­e. Par contre, notre pro insiste pour dire qu’il est important de ne pas nuire aux autres sauvaginie­rs. N’allez surtout pas couper la passe à d’autres passionnés comme vous en vous installant dans un champ situé juste à côté de celui d’un groupe de chasseurs installé sur un «X». Soyez également bon joueur et ne tirez pas sur des oiseaux hors portée. Concentrez vos efforts sur des outardes envoûtées par votre jeu d’oiseaux factices et vos séquences d’appels. Respectez les autres sportifs comme vous aimeriez qu’ils vous respectent!

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En optant pour la technique du trafic, Dominic, Marcel, Alain, Claude et Guillaume ont obtenu d’excellents résultats.

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