Le Journal de Montreal

Au revoir Gonzague...

Al Arbour connaissai­t les prénoms de tous les chroniqueu­rs de hockey attachés à la couverture des activités du Canadien.

- YVON PEDNEAULT yvon.pedneault@quebecorme­dia.com

Al Arbour appelait Gonzague tous les chroniqueu­rs de hockey attachés à la couverture du Canadien

Tous sans aucune exception. Il ne pouvait jamais se tromper parce qu’il leur avait donné le même prénom.

«Salut Gonzague», disait-il en apercevant un journalist­e de Montréal. «Bonjour Al.» Puis, quand un autre chroniqueu­r se joignait à la discussion, il était accueilli par : «Salut Gonzague, ça va bien?» «Oui Al, et toi?»

«Oh, ça va. Ça pourrait être pire.»

«Pire…? Ton équipe chapeaute le classement des équipes, vous gagnez la coupe Stanley, Mike Bossy marque 50 buts les yeux fermés, Brian Trottier est un des meilleurs joueurs de centre de la ligue, Denis Potvin est spectacula­ire… que demander de plus?»

«D’accord, mais il y a toujours des problèmes à résoudre. C’est un peu ça la vie d’un entraîneur…»

Al Arbour aura non seulement écrit une page de l’histoire des Islanders de New York, mais il aura été aussi un modèle à suivre pour les entraîneur­s de la Ligue nationale. Invité à joindre la confrérie des pilotes de la ligue par son bon ami, Scotty Bowman, qui était persuadé qu’Arbour avait toutes les qualités pour réussir. L’élève n’a sûrement pas déçu le professeur.

«C’était un entraîneur dur. Il n’acceptait pas les demi-mesures. Mais il était juste», m’a souvent mentionné Potvin.

C’était aussi un avant-gardiste. Il était un entraîneur constammen­t à la recherche de nouvelles méthodes d’enseigneme­nt et de nouvelles méthodes d’entraîneme­nt. Ses équipes étaient toujours bien préparées et il savait exploiter les qualités de chacun des joueurs de sa formation.

UN ENTRAÎNEUR ASTUCIEUX

Derrière le banc, il était très astucieux. «Il cherchait constammen­t à ce que notre trio soit toujours sur la patinoire quand l’adversaire utilisait son troisième duo de défenseurs, m’expliquait récemment Mike Bossy. À l’époque, les défenseurs 5 et 6 n’étaient pas aussi efficaces que ceux d’aujourd’hui. Dès que ces défenseurs sautaient sur la patinoire, nous n’avions même pas à attendre la consigne d’Al, on exécutait le plan prévu.»

Ça faisait quelques années qu’Al Arbour était éprouvé par la maladie. À chacun de mes entretiens avec Scotty Bowman, l’ex-pilote du Tricolore me faisait un bilan de l’état de santé de son ex-défenseur. Bowman vouait une grande admiration à Al Arbour, celui qui occupe le deuxième rang chez les entraîneur­s de l’histoire de la Ligue nationale.

«Al a toujours été un fin observateu­r, autant comme joueur que dans son rôle d’entraîneur. Quand il jouait pour les Blues, au début de la concession, il cherchait constammen­t à en savoir plus sur la stratégie qu’on voulait appliquer face à un rival. Il aimait apporter son grain de sel. Il était brillant.

“Les succès qu’il a connus avec les Islanders ne m’ont jamais étonné. On dira qu’il dirigeait une équipe avec des joueurs super doués, c’est vrai, mais la tâche d’un entraîneur n’est-elle pas plus difficile quand il doit composer avec des joueurs de premier plan qui ont chacun leur égo.» Très juste. Hier, Al Arbour nous a quittés. Merci monsieur Al. Signé : Gonzague!

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