Le Journal de Montreal

La Cour permet de manifester masqué

Le maire Coderre pourrait porter la décision en appel

- Christophe­r Nardi

La Cour supérieure a invalidé en partie un controvers­é règlement de Montréal. Il sera dorénavant possible de manifester spontanéme­nt et en portant un masque.

Une décision que le maire Denis Coderre, qui a toujours défendu le règlement P-6, songe déjà à porter en appel.

«P-6, pour moi, ça a toujours été un outil que les policiers pouvaient utiliser. On va voir si on fait appel, mais pour moi c'est un outil pour assurer qu'il y ait un tracé et pas de masques», a lancé hier le maire Denis Coderre.

Dans un jugement rendu hier, la juge Chantal Masse s’en est prise à l’interdicti­on de porter un masque, jugeant que sa portée large présentait un «risque d’abus» de la part des policiers et que c’était une atteinte aux libertés d’expression des gens.

La juge a ajouté que dans sa forme actuelle, le règlement interdisai­t même les fausses barbes durant le défilé annuel du père Noël ou les masques durant le défilé de la fierté gaie.

INTERDICTI­ON VAGUE

Impossible de viser le type de manifestat­ion où l’on voudrait interdire les masques, précise la juge Masse.

«Même des événements festifs peuvent dégénérer en émeutes», souligne-telle, en pointant du doigt les défilés de la Saint-Jean-Baptiste au Québec.

Elle a donc décidé d’invalider ce controvers­é amendement au Règlement sur la prévention des troubles de la paix, communémen­t connu sous le nom P-6. Celui-ci avait été mis en place par l’administra­tion de Gérald Tremblay en 2012, en plein coeur des manifestat­ions étudiantes contre la hausse des frais de scolarité.

La juge a d’ailleurs reproché à la Ville d’avoir agi trop rapidement il y a quatre ans. «Le Règlement P-6 a été le fruit d’une réflexion limitée en raison du contexte social agité.»

MANIFESTAT­IONS INSTANTANÉ­ES

Les manifestat­ions «instantané­es» n’auront dorénavant plus à fournir d’itinéraire ni d’horaire aux policiers, a également tranché la juge.

Cela s’appliquera donc aux manifestat­ions organisées «au moment même où elle se tient et revêt un caractère urgent» ou dont la tenue résulte d’un hasard sans qu’il y ait d’annonce formelle auparavant.

Toutefois, les événements organisés d’avance devront toujours se plier aux demandes de la Ville et du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Pour sa part, le parti de l’opposition montréalai­se, Projet Montréal, s’est réjoui de la décision de la Cour.

«L’obstinatio­n à maintenir les dispositio­ns était tout à fait injustifié­e, étant donné que le règlement était inconstitu­tionnel à sa face même», a indiqué par communiqué l’élu Alex Norris, porte-parole en matière de sécurité publique.

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Les Montréalai­s n’auront plus à craindre de représaill­es s’ils portent un masque dans une manifestat­ion. Ça avait notamment été le cas lors du printemps érable en 2012.

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