Le Journal de Montreal

« Si tu meurs, je vais mourir aussi »

Frédéric Boucher a agi en héros en sauvant la vie d’un conducteur qui était en train de brûler

- Emy-JanE Déry

COLOMBIER | Pendant que tout explosait autour de lui, le contremaît­re d’un chantier routier a choisi de risquer sa vie pour sauver celle d’un conducteur d’une camionnett­e en flammes.

Frédéric Boucher immobilisa­it les voitures près d’un chantier routier sur la route 138 à Colombier sur la Côte-Nord mardi matin lorsqu’il a vu un poids lourd de Transport Morneau qui circulait à 100 km/h foncer dans plusieurs voitures, qui ont pris feu après l’impact. Il a immédiatem­ent appelé le 911.

«J’ai dit: “venez m’aider, il y a plein de morts”», a raconté le contremaît­re, qui était certain que les dommages seraient immenses.

Au lieu de fuir, il s’est approché du brasier. C’est là qu’il a aperçu les jambes du conducteur d’une quarantain­e d’années qui bougeaient et sortaient par la fenêtre de la camionnett­e.

«Je me suis approché, je me suis dit: “ça va finir là. Je vais mourir là”. Tout explosait autour de moi, c’était l’apocalypse. Les réservoirs de diesel sautaient, les pneus, tout explosait partout», a-t-il dit.

PRÈS DE LA MORT

Ça a été plus fort que lui, il ne pouvait s’imaginer rebrousser chemin. «J’ai dit: “si tu meurs là, je vais mourir là aussi”. Je ne pouvais m’imaginer vivre avec cette image-là dans ma tête», a dit M. Boucher.

Il s’est mis à tirer de toutes ses forces pour extirper le conducteur de la camionnett­e en flammes. L'homme a fini par s’évanouir.

«Il était lourd, c'était un costaud, mais j’ai dit: “toi, tu t’en viens avec moi”. J’ai tiré le plus fort que j’ai pu et je l’ai sorti de là. Il est tombé par terre, il fumait, ce n’était pas beau», a-t-il dit.

Comme tout continuait d’exploser autour, M. Boucher a projeté l’homme inconscien­t dans le fossé pour le protéger, avant de s’éloigner lui-même.

Le conducteur a finalement repris connaissan­ce. Il a marché jusqu’à la maison la plus proche, où Frédéric Boucher et d’autres personnes lui ont prodigué les premiers soins en attendant l’ambulance.

Les autorités ont annoncé mardi que l’automobili­ste avait subi des blessures graves, mais qu’on ne craignait pas pour sa vie.

Selon Jany Tremblay, une résidente du secteur qui a tout vu, M. Boucher a agi en héros. «Il a été très courageux. En plus, lorsqu’il l’a sorti, il se préoccupai­t de savoir s’il y avait d’autres personnes dans la camionnett­e», a-t-elle dit.

« APOCALYPTI­QUE ET INDESCRIPT­IBLE »

Selon M. Boucher, le choc avec le poids lourd a été très violent. «Tout le monde arrêtait et lui il est arrivé à 100 km/h, il n’y a jamais eu un soupçon de ralentisse­ment. Un camion chargé qui rentre dans un tas de chars à 100 km/h, c’est apocalypti­que, c’est indescript­ible», a-t-il dit.

La Sûreté du Québec a affirmé hier soir que l’enquête est toujours en cours. L’hypothèse voulant que le conducteur ait été aveuglé par le soleil est la plus plausible. Transport Morneau n’a pas voulu émettre de commentair­es.

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Frédéric Boucher a tiré de toutes ses forces pour extirper le conducteur de la camionnett­e en flammes. 2. et 3. L’accident survenu vers 6 h 30 mardi a impliqué cinq véhicules et n’a fait aucun décès, par miracle. 2 3 1
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