Le Journal de Montreal

Le fisc vise une cible de l’opération Colisée

L’homme d’affaires doit 126 599 $ à Revenu Québec

- Eric Thibault En 2015, un peu plus de 10 000 hypothèque­s légales ont été enregistré­es au Québec, dont plus du tiers par Revenu Québec qui a utilisé cette procédure légale pour récupérer des créances de 230 millions $.

Épinglé dans l’opération Colisée, un homme d’affaires montréalai­s dont la maison avait été offerte à la mafia pour éponger la dette d’un de ses associés risque finalement de la perdre aux mains de l’État.

L’Agence du revenu du Québec (ARQ) vient d’enregistre­r une hypothèque légale sur la propriété de Tarlochan Bajaj, dans le secteur Pierrefond­s, pour garantir le remboursem­ent de sa dette fiscale, qui s’élève à 126 599 $.

À défaut de payer ses impôts, l’homme de 49 ans – qui gère aussi son entreprise d’import-export à partir de son domicile de la rue Sainte-Anne – pourrait voir le fisc entreprend­re des recours judiciaire­s afin de vendre son bungalow aux enchères pour récupérer son dû.

« PLUS BESOIN DE TRAVAILLER... »

Connu sous le surnom de «Billy» dans son entourage, Bajaj l’est aussi des policiers de la Gendarmeri­e royale du Canada qui ont mené l’opération antimafia Colisée, il y a dix ans.

Il a été enregistré à plusieurs reprises lors de conversati­ons téléphoniq­ues intercepté­es par la GRC en 2005.

Bajaj avait notamment été approché par un associé de la mafia dans le but d’importer au Québec de la drogue en provenance de l’Inde.

Durant l’écoute électroniq­ue des policiers, «Billy» disait avoir «un contact» dans ce pays détenant un permis pour «exporter n’importe quoi».

«C’est le jackpot. On n’aurait plus besoin de travailler de notre vie», se disaient-ils, alors que la GRC les enregistra­it. Mais ce projet ne s’est pas concrétisé.

EXPORTATIO­N DE POT

La même année, Bajaj a toutefois servi d’intermédia­ire entre la mafia montréalai­se et des trafiquant­s américains pour exporter près de 50kilos de marijuana aux États-Unis, selon la preuve amassée dans l’opération Colisée.

La combine a fini par mal tourner. L’«exportateu­r» des cargaisons, le Lavallois Kamel Mahmoud Aoudé, s’est ensuite retrouvé avec une dette de 175 000 $ envers la mafia montréalai­se quand les policiers ont arrêté ses courriers et saisi leur marchandis­e, à l’été 2005.

Pris à la gorge et craignant pour sa vie, Aoudé avait dit à un mafioso qu’il pourrait mettre la maison de Bajaj en garantie pour payer sa dette, selon l’enquête.

Mais «Billy» avait gardé son bungalow, la note ayant été réglée autrement.

En 2011, Bajaj a écopé d’une peine de 18 mois à purger dans la collectivi­té, tandis qu’Aoudé s’en est tiré avec 25000$ d’amende dans cette affaire.

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L’homme d’affaires Tarlochan Bajaj risque d’avaler de travers les mesures prises par Revenu Québec, qui pourrait vendre sa maison aux enchères pour effacer sa dette.

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