Le Journal de Montreal

Des bactéries qui ciblent directemen­t la zone de cancer

- MARIE-ÈVE DUMONT

Une nouvelle technologi­e développée à Polytechni­que Montréal pourrait donner une lueur d’espoir à des patients souffrant de cancer puisqu’elle permet de combattre la maladie là où certains médicament­s ne peuvent se rendre.

«Il nous arrive de devoir annoncer à des parents qu’il n’y a pas de solution pour leur enfant atteint d’un cancer au cerveau. Avec la nouvelle technique, on pourrait leur offrir un peu d’optimisme», souligne la Dre Anne-Sophie Carret, spécialist­e en hématologi­e-oncologie en pédiatrie au CHU Sainte-Justine.

EMBALLÉ

La médecin est emballée par la nouvelle technologi­e développée par le chercheur Sylvain Martel de la Polytechni­que qui permet d’envoyer des médicament­s directemen­t dans la zone cancéreuse.

«Grâce à cette technique, on pourrait en quelque sorte percer les mailles du filet entourant les méninges et les traiter sans endommager les tissus sains. En ce moment, environ 98% des médicament­s ne réussissen­t tout simplement pas à se rendre jusqu’aux méninges», insiste la spécialist­e.

Le professeur Martel et son équipe se servent d’une bactérie qui existe déjà dans la nature. Cette dernière est chargée de médicament, puis envoyée dans le système sanguin.

À l’aide de champs électromag­nétiques, les chercheurs peuvent contrôler la trajectoir­e de la bactérie et l’envoyer directemen­t vers les cellules malades.

Cette dernière est d’ailleurs attirée par les endroits qui contiennen­t très peu d’oxygène, ce qui caractéris­e aussi les zones cancéreuse­s. Une fois sur place, la bactérie libère son médicament à l’endroit exact où le patient en a besoin.

«On ne développe pas de traitement. On est plutôt une espèce de FedEx. On livre le meilleur médicament possible directemen­t au bon endroit plutôt que de bombarder toute une zone», compare M. Martel.

TESTÉ AVEC SUCCÈS

La technique a été testée avec succès sur des animaux. Le guidage de ses microtrans­porteurs de médicament­s à travers les vaisseaux sanguins jusqu’au foie d’un lapin a notamment fonctionné.

Le chercheur, qui travaille depuis 15 ans sur le procédé, est dorénavant à la recherche de financemen­t afin de mener des tests sur les primates et ainsi convaincre Santé Canada de l’efficacité de son approche.

«Dans le monde, il y a une personne qui meurt du cancer toutes les quatre secondes. Avec cette technologi­e, on pourrait peut-être sauver des vies et diminuer la toxicité des traitement­s en plus de réduire les coûts sur le système de santé», espère M. Martel.

« on nE dévEloppE pas dE traitEmEnt. on Est plutôt unE EspècE dE FEdEx. on livrE lE mEillEur médicamEnt possiblE dirEctEmEn­t au bon Endroit » – Sylvain Martel

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Le chercheur Sylvain Martel voit le chemin que parcourt sa bactérie à l’aide de l’imagerie par résonnance magnétique.
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