Elle refuse d’enlever son burkini et écope d’une amende à Nice
La mère de famille aurait été forcée par une patrouille de plage d’enlever une tunique
NICE | (AFP) Des photos montrant une femme portant un foulard et soulevant sa tunique sous l’oeil de policiers ont relancé avec force hier la polémique sur l’interdiction du burkini sur certaines plages françaises, amenant le gouvernement à mettre en garde contre toute «stigmatisation».
Risque d’humiliation des musulmanes, «pain bénit» pour les djihadistes: l’inquiétude montait en France face aux arrêtés pris par certaines villes du littoral au nom de la lutte contre l’extrémisme.
La controverse, qui gronde depuis une quinzaine de jours, a pris une nouvelle ampleur après la publication dans la presse britannique de photos d’un contrôle de police sur une plage de Nice.
Sur les clichés, non floutés, une femme, foulard sur les cheveux, legging aux jambes, semble ôter sa tunique devant quatre agents sur une plage de la célèbre Promenade niçoise, frappée le 14 juillet par un sanglant attentat djihadiste (86 morts).
PAS FORCÉE
Selon la mairie de Nice, elle ne s’est pas dévêtue ni n’a été forcée à le faire, mais elle a soulevé sa chemise pour montrer aux policiers qu’elle portait un maillot de bain en dessous. Comme elle refusait de se baigner autrement, elle a reçu une amende puis a quitté la plage.
Cette explication n’a pas empêché les photos, mises en ligne mardi soir par le Daily Mail, de se propager sur internet, où elles ont suscité une indignation mondiale.
«C’est un nouveau fascisme, une nouvelle France... Horrible», a écrit sur Twitter la militante tunisienne Amira Yahyaoui. «Question du jour: combien de policiers armés faut-il pour forcer une femme à se déshabiller en public?» s’est aussi indigné le directeur de la communication Europe de Human Rights Watch, Andrew Stroehlein.
En France, où vit la principale communauté musulmane d’Europe (cinq millions de personnes), le Conseil français du culte musulman (CFCM) s’est inquiété «de la tournure prise par le débat public» autour de la tenue de bain couvrante choisie par certaines musulmanes. Le CFCM regrette qu’une femme ait été verbalisée «alors qu’elle portait un simple foulard en accompagnant juste ses enfants». Cette mère de famille, invectivée par des passants au moment de son contrôle selon un témoin, a annoncé vouloir contester la contravention.
« PEUR GRANDISSANTE »
«Devant la peur grandissante» de discrimination chez les musulmans de France, l’organisation a sollicité une audience d’urgence avec le ministre de l’Intérieur et des Cultes, Bernard Cazeneuve.
«La mise en oeuvre de la laïcité et la possibilité de prendre ces arrêtés ne doit pas conduire à des stigmatisations ou à «l’antagonisation» des Français les uns contre les autres», a déclaré le ministre.