IL EST PARTI SEREIN
Véritable géant au coeur d’enfant, le cinéaste André Melançon nous a quittés, mardi, après avoir combattu une leucémie, laissant dans le deuil les millions de Québécois qui ont fait de La guerre des tuques, son oeuvre majeure, un film culte de notre ciné
«S’il n’avait pas existé, je ne pense pas qu’on dirait de moi que je suis le père des Contes pour tous», a dit son grand ami et producteur Rock Demers, avec qui Melançon a donné vie à des classiques comme La guerre des tuques et Bach et Bottine.
Selon M. Demers, André Melançon est mort paisiblement, entouré de sa conjointe Andrée Lachapelle et ses deux enfants Andréeanne et Benoit, à 22 h, mardi soir.
«Il a demandé une pilule pour dormir et ne s’est pas réveillé», a-t-il raconté.
« Une force incroYabLe »
Le cinéaste de 74 ans luttait depuis six ans contre la maladie. Il avait été admis aux soins palliatifs, l’hiver dernier, mais avait décidé de retourner mourir chez lui. «C’est parce qu’il était d’une force absolument incroyable qu’il a survécu tout ce temps», dit M. Demers qui a pu passer un dernier moment d’intimité avec son ami en mai dernier. «À sa demande, j’étais allé le voir chez lui. Il était décharné, très faible, il pouvait à peine tenir une feuille de papier. Il avait décidé de se débrancher, mais voulait me voir avant de partir. André m’a dit qu’il partait en toute sérénité, qu’il était heureux de ce qu’il avait pu accomplir, mais malheureux parce qu’il aurait tellement aimé réaliser au moins un autre film. Malgré tout, il parlait avec beaucoup d’humour et de tendresse.»
À haUteUr d’enfants
Originaire de Rouyn-Noranda, André Melançon s’est fait connaître dans les années 1970 comme acteur, notamment dans le film Taureau, et réalisateur. C’est cependant dans les années 1980, quand il tourne les films pour enfants La guerre des tuques et Bach et Bottine, que son travail touche le grand public. Il signera aussi le scénario de La grenouille et la baleine en plus de réaliser Fierro l’été des secrets ainsi que Daniel et les Superdogs.
En 1997, il fait exploser le talent de Benoit Brière dans Cher Olivier, la série télé consacrée au comique Olivier Guimond. Mais c’est son travail avec les enfants qui restera son plus grand héritage.
«Il savait comment mettre les enfants à l’aise et aller chercher le naturel chez eux», confie le scénariste de La guerre
des tuques, Roger Cantin. «C’était un grand paradoxe. Même s’il était très grand, il savait se mettre à notre hauteur et nous parlait avec une voix très douce», dit Cédric Jourde, l’interprète de Luc dans La guerre des tuques.
Quant à Mahée Paiement, elle affirme devoir sa carrière à André Melançon et Bach et Bottine. «André a toujours été comme une bonne étoile. De là-haut, je suis certaine qu’il va veiller sur bien du monde.»
« Il aurait tellement aimé réaliser au moins un autre film » – Rock Demers