Le Journal de Montreal

Des Jeux en or pour le diffuseur public

Radio-Canada a l’habitude de se péter les bretelles. C’est souvent de la fanfaronna­de, mais cette fois, notre diffuseur public a d’excellente­s raisons de pavoiser. C’est l’un des rares diffuseurs à avoir enregistré de meilleures audiences pour les Jeux de

- Guy Fournier guy.fournier @quebecorme­dia.com

Est-ce la bonne performanc­e de nos athlètes qui vaut à Radio-Canada d’avoir retenu à un moment ou à un autre l’attention de neuf Canadiens sur dix? Ce n’est pas évident de répondre à la question. Les athlètes des É.-U. sont les grands gagnants de Rio, mais plus d’un tiers des Américains n’ont pas vu leurs exploits. Les athlètes français et britanniqu­es furent aussi sensationn­els, mais le tiers de leurs compatriot­es ne les ont pas regardés.

Si j’excepte l’insupporta­ble avalanche de messages publicitai­res, Radio-Canada a «couvert» les Jeux de façon remarquabl­e sur toutes les plateforme­s. Grâce au plus grand nombre d’athlètes de langue anglaise et à de meilleurs analystes, la diffusion fut souvent plus captivante à la CBC. Maîtrisant bien l’anglais, Marie-Josée Turcotte et Diane Sauvé se sont tirées d’élégante façon de leurs entrevues avec les anglophone­s.

BAISSE SPECTACULA­IRE

C’est la télévision américaine qui a connu la baisse d’audience la plus spectacula­ire. Elle a perdu le quart des téléspecta­teurs de 18 à 49 ans, la tranche d’âge la plus intéressan­te pour les commandita­ires. Le réseau NBC a dû diffuser gratuiteme­nt des centaines de messages pour dédommager les annonceurs à qui on avait garanti certains seuils d’audience.

Une nouvelle façon de regarder les Jeux s’est affirmée dans tous les pays. Des millions d’amateurs ont préféré les suivre par internet plutôt qu’à la télé, soit en direct ou en flux continu

(streaming). Les Américains ont consacré de cette façon 45 millions d’heures aux Jeux, les Français quatre millions et les Canadiens plus de 10 millions d’heures. Par tête de pipe, c’est trois fois plus que les Américains et sept fois plus que les Français.

Dans ma chronique du 9 août, j’ai écrit que l’enthousias­me ne semblait pas aussi grand que d’habitude pour les Olympiques et que les cotes d’écoute pourraient s’en ressentir. Ce fut le cas dans tous les pays, sauf au Canada et... au Brésil, évidemment. Les deux courses d’André de Grasse et les performanc­es de la jeune Penny Oleksiak en piscine comptent parmi les événements que les Canadiens ont le plus suivis. Les deux tiers de ceux qui les ont regardés sur internet l’ont fait sur leurs téléphones intelligen­ts.

NOS HABITUDES CHANGENT

Même si la télé demeure la façon la plus populaire de suivre les Olympiques, internet modifie rapidement nos habitudes. Durant les Jeux de Rio, en plus de visionner 37 millions de vidéos sur internet, nous avons regardé 229 millions de pages web. Encore là, c’est plus que n’importe quel autre pays.

Mais la publicité sur internet rapporte moins qu’à la télé. En collaborat­ion avec Rogers et Bell Média, Radio-Canada diffusera les Jeux d’hiver de 2018 en Corée du Sud et ceux de Tokyo en 2020. Non seulement le volume de messages publicitai­res à la télé ne diminuera pas, mais il risque d’augmenter encore. Il nous faudra prendre notre mal en patience ou regarder les Jeux sur internet où la publicité est un peu plus supportabl­e.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

«Couche-Tard» dépanne même le premier ministre Philippe Couillard!

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