QUI MENT DANS L’AFFAIRE RONA ?
Daoust dit une chose Son chef de cabinet dit le contraire Le bureau du PM tenu dans l’ignorance ?
QUÉBEC | Jacques Daoust est contredit par son ex-chef de cabinet. Mis au parfum de la vente des actions de RONA, l’exministre ne voulait pas s’en mêler, selon son ancien bras droit.
Le témoignage en commission parlementaire de Pierre Ouellet était fort attendu. L’employé libéral de longue date a déclaré hier qu’il avait prévenu son ancien patron de l’intention d’Investissement Québec (IQ) de liquider les 11 millions d’actions du quincaillier québécois. Jacques Daoust a toujours dit qu’il n’avait pas été informé.
Pierre Ouellet soutient qu’il n’a pas agi seul. «Je demandais au ministre son autorisation pour des choses bien plus anodines», a-t-il déclaré sous serment.
Selon lui, le ministre n’était pas favorable à la vente, mais estimait que c’était une décision qui revenait à la société d’État. Lorsqu’il lui en a parlé, le 26 novembre 2014, Jacques Daoust aurait dit que les dirigeants d’IQ auraient à «vivre avec les conséquences». IQ s’est départi des actions du fleuron québécois le 15 décembre. Quelques semaines plus tard, RONA était achetée par l’américaine Lowe’s.
DAOUST SE DÉFEND
Joint par notre Bureau parlementaire, Jacques Daoust ne voit pas de contradiction entre sa version et celle de son ex-chef de cabinet. «Au moment où la décision [a été] prise, je n’étais pas au courant. Je ne l’ai pas autorisée, insiste-t-il. Ça m’a été présenté comme un fait accompli!»
Pas question, toutefois, pour l’ex-ministre de venir s’expliquer en commission parlementaire, comme le réclame l’opposition.
Malgré la controverse qui faisait rage, Pierre Ouellet soutient qu’il n’a jamais parlé de la vente des actions de RONA avec le cabinet de Philippe Couillard avant le dévoilement du rapport de la Vérificatrice générale à ce sujet. Le chef de cabinet du premier ministre est donc au courant des versions contradictoires depuis le 3 juin dernier.
UNE VENTE « SPONTANÉE »
IQ avait bel et bien eu la bénédiction du ministre Daoust, aux yeux des anciens dirigeants de la société d’État.
Le vice-président principal, Yves Lafrance, est venu dire aux parlementaires, hier, que l’idée de vendre les actions de RONA n’avait jamais été discutée avant le 17 novembre 2014. C’est au cours de la réunion du conseil d’administration que le sujet a surgi «spontanément» et que la décision a été prise, sous réserve de l’approbation du ministre.
La valeur des actions de RONA représentait alors 6 % du portefeuille d’IQ. L’américaine Lowe’s n’ayant pas donné signe de vie depuis plusieurs mois, les membres du C.A. ont jugé que le temps était venu pour IQ de se départir de son bloc d’actions du quincaillier.