RONA : la conclusion sur le fond
La commission parlementaire sur la vente des actions de RONA par Investissement Québec nous a éclairés sur une chose: le maintien des sièges sociaux ne constitue pas une grande priorité pour l’actuel gouvernement libéral.
Pour le reste, les intervenants avaient chacun leurs buts politiques. L’opposition avait demandé la tenue de cette séance dans l’objectif d’embêter Jacques Daoust. La commission l’a fait mal paraître… mais il n’est plus là. L’opposition a donc tenté d’engluer le cabinet du premier ministre dans l’affaire. Avec un certain succès.
On comprend de cette saga que la vente de RONA a été bloquée en 2012 largement par le leadership personnel du ministre des Finances de l’époque, Raymond Bachand. Celui-ci tenait à empêcher une prise de contrôle hostile de RONA par un géant américain. Il a envoyé ses signaux et les bras financiers du gouvernement ont posé les gestes conséquents en acquérant des blocs d’actions.
PAS PLUS CLAIR
Quatre ans plus tard, lorsque Lowe’s est revenue à la charge, son offre n’était plus hostile, la transaction avait été négociée de gré à gré avec les dirigeants de RONA et le prix offert par action était alléchant. Nous étions donc dans un contexte très différent. La Caisse de dépôt a fait un coup d’argent dont le fruit est tombé dans la tirelire de nos rentes.
Mais force est de constater qu’à cette date, soit en février 2016, la question du maintien du siège social n’a pas pesé lourd dans la balance. Plus on en sait sur le déroulement des choses, plus on a l’impression que les réflexes d’un Raymond Bachand ne font plus partie du décor dans le gouvernement Couillard.
Qui, dans le gouvernement, a autorisé la vente du bloc d’actions d’Investissement Québec? Pas encore clair malgré la journée d’hier. Le bureau du premier ministre a-t-il été informé, consulté? Pas plus limpide. Au moment de cette vente, est-ce que quelqu’un, au gouvernement, a analysé sérieusement le risque qu’un prédateur vienne mettre la main de façon hostile sur RONA?
GÉRÉ À LA LÉGÈRE
L’impression qui se dégage, c’est que tout cela a été géré à la légère. Pourtant, cet enjeu demeure central pour l’économie du Québec. Dans le cas précis de RONA, la transaction aurait sans doute eu lieu quand même, compte tenu du prix offert et des circonstances. Cependant, le récit met en lumière la faiblesse de la réflexion du gouvernement libéral sur l’importance de nos sièges sociaux.
Pourtant, l’ancien ministre des Finances Nicolas Marceau avait légué des pistes valables dans son dernier budget, juste avant la défaite du PQ. Ces propositions émanaient du Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises, qui s’était penché sérieusement sur la question. Je comprends que ça puisse venir du parti adverse, mais le gouvernement libéral aurait tout intérêt à déterrer ces travaux et à les pousser plus loin.
Tout le monde a placé ses billes hier. Le gouvernement craint maintenant que des PME qui fournissaient RONA se fassent dire bye-bye par Lowe’s. Ces annonces vont ramener la transaction à l’avant-scène et embêter le gouvernement.