Le Collège dénonce les fautes des médecins
Plusieurs enquêtes ont été menées sur des docteurs de garde qui ont manqué à leurs responsabilités
Le Collège des médecins est préoccupé par les docteurs de garde manquant à leur devoir, comme celui de Coaticook qui a refusé de voir un patient souffrant à l’urgence, pour dormir plus longtemps.
En 20 ans, le Collège a répertorié 17 cas au conseil de discipline pour des médecins de garde qui ont omis d’assurer un suivi auprès de patients à l’hôpital ou en clinique privée.
«C’est quand même beaucoup. [...] C’est une problématique», indique Caroline Langis, porte-parole du Collège.
PLUSIEURS ENQUÊTES
La préoccupation est telle que la direction des enquêtes du Collège a dû publier une note en septembre dernier pour rappeler ses membres à l’ordre.
Le bureau du syndic a mené plusieurs enquêtes sur des médecins qui n’avaient pas assumé leurs responsabilités de garde.
Dans les cas cités par le Collège, des médecins avaient fait fi des demandes du personnel infirmier pour rencontrer des patients en situation «alarmante».
«Il est utile de souligner que le médecin doit, dans les cas d’urgence, assister un confrère ou un autre professionnel de la santé dans l’exercice de sa profession lorsque celui-ci en fait la demande», peut-on lire dans la note.
PAS ISOLÉ
Le Dr Steven Monette, qui était de garde à l’hôpital de Coaticook et dormait en salle de repos, avait refusé de voir un patient «souffrant», malgré l’insistance d’une infirmière. Il avait préféré dormir encore cinq heures parce qu’il devait se lever tôt pour conduire ses fils à des activités sportives, a expliqué le médecin devant le conseil de discipline.
Le Dr Monette a plaidé coupable, mercredi, à trois chefs d’infraction pour un manque de suivi auprès du patient dans la nuit du 5 au 6 décembre 2013.
Le syndic a recommandé une radiation de huit mois et la défense a suggéré trois mois. Le médecin n’avait aucun antécédent judiciaire.
Le cas du Dr Steven Monette est donc loin d’être isolé.
Me Jean-Pierre Ménard, avocat spécialisé en droit médical, confirme avoir déjà traité des histoires semblables, mais avec des «conséquences beaucoup plus tragiques», comme des décès ou des complications graves.
« INDÉFENDABLE »
Me Ménard trouve «indéfendable» l’attitude du Dr Monette.
«Quand l’infirmière vous appelle, c’est parce que, manifestement, le cas dépasse les moyens de l’infirmière», a-t-il affirmé au Journal.
Me Ménard croit qu’un médecin est «mieux de venir pour rien» au lieu qu’il arrive une situation malheureuse.
Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, croit que le médecin de Coaticook a besoin d’une sanction qui lui fasse apprendre de son erreur.
«Je pense que trois mois [de radiation], ce n’est pas assez», dit-il.
Pour sa part, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec juge le comportement du médecin de Coaticook inacceptable, mais soutient que ce genre de cas demeure exceptionnel.