Le Journal de Montreal

Véro et les minorités

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Avez-vous vu les 10 «personnali­tés qui s’assument» à la une du dernier magazine Véro? Véronique Cloutier, Janette Bertrand, Marie-Claude Barrette, Guylaine Guay, Debbie-Lynch White, Mariana Mazza, etc.

Quand j’ai vu ça, je me suis dit: «Wow! Trois femmes en surpoids, une personne de plus de 80 ans, une lesbienne et une vedette issue de l’immigratio­n de deuxième génération. On peut quasiment jouer au bingo de la rectitude politique et cocher toutes les cases. Tout le monde va être content.» Ben non! L’ex-ministre libérale Yolande James a dénoncé cette une parce qu’il y avait (selon elle) «zéro minorité visible».

OSER ÊTRE SOI

Sur les ondes d’Ici Première, hier, Yolande James a dit trouver cette couverture de magazine «décevante». Selon elle, le message qu’on envoie aux communauté­s culturelle­s, c’est: «Tu es invisible, tu ne comptes pas.» Elle a même appuyé l’idée d’une commission parlementa­ire sur le «racisme systémique» au Québec.

J’aimerais rappeler à Yolande James que Mariana Mazza est née au Québec d’une mère libanaise et d’un père uruguayen, et qu’elle a des grands-parents italiens et brésiliens.

Est-ce que, pour Mme James, il y aurait des minorités «un peu visibles» et des «minorités assez visibles» à son goût? Latino, tu ne passes pas le test, mais Haïtienne, c’est correct?

S’il y avait eu une femme métissée, aurait-elle été assez «visible» pour Mme James?

Ce n’est pas la direction du magazine Véro qui a choisi arbitraire­ment ces 10 femmes, personne ne s’est dit: «On va faire exprès de ne pas mettre une Noire ou une Asiatique.» Les 10 personnali­tés ont été choisies… par les lectrices du magazine, qui les trouvaient inspirante­s.

On peut réglemente­r bien des choses dans une société: imposer des quotas d’embauche dans la fonction publique ou une parité au gouverneme­nt.

On peut déplorer qu’il n’y ait pas plus de femmes noires qui viennent spontanéme­nt à l’esprit des lectrices quand elles pensent à des femmes «qui s’assument».

Mais va-t-on imposer aux lectrices de magazines d’être parfaiteme­nt représenta­tives de la «diversité» du Québec chaque fois qu’elles répondent à un sondage?

Vous savez quoi? Il n’y avait pas de personne transgenre non plus sur la page couverture. Mais dans le magazine, Véro a fait une entrevue absolument fabuleuse, épatante et instructiv­e avec Khloé, une jeune transgenre de 14 ans.

Transgenre, est-ce une minorité assez visible à votre goût?

LE « COUP DE THÉÂTRE » DE MARIPIER MORIN

En terminant, un mot sur Maripier Morin, qui apparaît aussi sur le magazine Véro.

Je vous parlais mercredi de son absence des affiches publicitai­res pour son nouveau talk-show à Z, où elle était remplacée par un monsieur corpulent.

Maripier Morin avait fait une sortie en disant que son père, chauffeur d’autobus, trouvait ça bien plate de ne pas voir la binette de sa fille sur le pont Jacques-Cartier… Snif, snif. Or, ce n’étaient que des larmes de crocodile. Tout était «organisé avec le gars des vues». Elle savait qu’elle aurait sa propre photo. Hahaha, hilarant.

Sauf que la prochaine fois qu’elle va crier au loup, personne ne va la prendre au sérieux.

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