Sport-partum : La chute post-olympique
Plusieurs athlètes éprouvent des difficultés après les Jeux
Dépression, anxiété, idées suicidaires… Les athlètes olympiques traversent souvent une période sombre après avoir pris leur retraite du sport, expose un poignant documentaire que Radio-Canada présentera demain, une semaine après la clôture des Jeux de Rio.
Intitulé Sport-partum, ce film réalisé par Karina Marceau (Remue-ménage) suit le parcours de quatre athlètes québécois ayant décidé d’arrêter la compétition après Sotchi : Alexandre Bilodeau (ski acrobatique), Caroline Calvé (surf des neiges), Jean-Philippe Le Guellec (biathlon) et François-Louis Tremblay (patinage de vitesse). Le résultat est aussi prenant que troublant.
L’un des moments les plus touchants survient quand FrançoisLouis Tremblay, 20 mois après avoir pris une retraite forcée, les traits tirés, craque devant la caméra alors qu’il termine son stage en finances. «Ce n’est pas le genre de chose dont je parle beaucoup à tout le monde… peut-être mes parents, pis ma blonde… C’est en s’ouvrant que ça remonte un peu», souffle le quintuple médaillé en retenant ses larmes. En entrevue au Journal, Karina Marceau avoue avoir eu beaucoup de difficulté à convaincre ses sujets de participer au projet. «J’ai réalisé plusieurs documentaires humains. J’ai même parlé à des mères qui avaient perdu leurs enfants parce qu’ils avaient été assassinés par leur père. On traitait d’enjeux difficiles, mais je sentais que parler leur faisait du bien. Avec les athlètes, c’est différent. Toute leur vie, ils ont appris à maîtriser leurs émotions. Ça n’a pas été facile d’avoir des confidences.»
IDÉES SUICIDAIRES
Sport-partum touche aussi la cible grâce aux vibrants témoignages d’anciens olympiens comme Sylvie Fréchette et Sylvie Bernier. Cette dernière affirme avoir mis 30 ans à s’avouer qu’elle avait fait une dépression après les J.O. de Los Angeles en 1984. «Du jour au lendemain, tout disparaît», résume-t-elle.
Après avoir quitté le sport, plus des 50 % des athlètes connaissent une baisse de confiance en soi au point d’avoir le sentiment d’être inférieurs aux autres, révèle le film. Un diagnostic confirmé par Mark Tewksbury, un ex-nageur ayant songé au suicide après avoir accroché son maillot, et Sylvie Fréchette, qui avoue avoir souffert d’anxiété après Barcelone en 1992.
«Je pense qu’il est temps qu’on brise la coquille de verre, qu’on soit fier de voir les athlètes grandir, mais sans la cape de superhéros… comme des êtres humains», dit l’ex-médaillée d’or.